Cité béarnaise bastionnée située sur les chemins de Compostelle, la commune de Navarrenx a choisi d’avoir recours à une Evaluation d’impact sur la santé (EIS) dans le cadre de la revitalisation de son centre bourg. Les résultats de cette évaluation ont été intégrés lors de la poursuite de l’accompagnement du projet. Retour sur la plus-value d’une telle démarche avec Amandine VIDAL Responsable du service Aménagement du territoire, au sein de la Communauté de Communes du Béarn des Gaves.
Considérer tout projet d’urbanisme en adoptant une approche écosystémique de la santé : tel est le défi d’une EIS dans le cadre d’un projet d’aménagement. A Navarrenx, l’EIS, accompagnée par le dispositif COMODEIS, a été réalisée en parallèle de propositions concrètes autour de 4 axes majeurs : réduire la place de la voiture dans la cité fortifiée, proposer des aménagements ludiques pour toutes les tranches d’âge avec un city stade et un jardin d’enfant, végétaliser l’espace public, et aménager une résidence intergénérationnelle sur une place. Pour Amandine Vidal : « l’EIS devait permettre de réfléchir à ces enjeux d’occupation par tous les habitants de l’espace public, du maintien des petits commerces, de sa position de ville-étape de Compostelle, sous l’angle de la santé-environnement. Et cette EIS n’est pas arrivée par hasard. Elle s’inscrit dans le cadre de la labellisation « Petites Villes de Demain ». Navarrenx connaît des fragilités, de nombreux volets sont fermés, certains logements se dégradent… Il s’agissait de renforcer l’attractivité du centre bourg en abordant tous les enjeux, notamment l’amélioration du cadre de vie. »
Les recommandations ont été intégrées dans les cahiers des charges des maîtres d’œuvre. Une plus-value incontestable pour Amandine Vidal : « Nous avions dans notre comité de pilotage la directrice du collège, le directeur de l’Ephad, des élus, des techniciens, des associations, la coordinatrice du CLS, de la CTG… Des réunions publiques et des stands le jour du marché ont été organisés, pour recueillir le ressenti et les usages quotidiens et pour que le projet corresponde aux besoins. L’EIS a permis de mettre tout le monde autour de la table. Même si la méthode a été un peu difficile à appréhender au départ, chacun a pu s’approprier l’intérêt d’une telle démarche. Des propositions ont émergé : des aménagements pour favoriser un meilleur partage de la voirie, pour améliorer la continuité et la sécurité des déplacements, repenser le mobilier urbain, créer des espaces de rencontre pour rendre plus attractif le centre bourg et favoriser la présence des habitants dans l’espace public. »
Concrètement, le réaménagement du jardin d’enfant est désormais livré. L’EIS avait pointé quelques ajustements qui ont été pris en compte, comme le souligne Amandine Vidal : « le jardin est désormais accessible aux personnes à mobilité réduite, avec la création d’un cheminement stabilisé jusqu’à la table de pique nique, en lien avec le projet de résidence intergénérationnelle et en lien également avec l’accueil des pèlerins (15 000 pèlerins par an). Nous avons ajouté des bancs, une fontaine à eau et la clôture garantit la sécurité des enfants. Un travail sur la signalétique est en cours pour communiquer sur les parcours et les temps de marche et de vélo pour favoriser les déplacements doux. Le terrain multisports est également en cours d’aménagement, un point d’eau y est présent et des créneaux pour favoriser la pratique sportive féminine envisagés avec le club de basket, à la demande des collégiens. Sur la piétonisation, nous avons changé d’orientation pour proposer une zone de rencontre à 20km/h avec des zones piétons et vélo. Ce « critère » santé a vraiment permis de prendre du recul, de se poser les bonnes questions… »