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Le pâturage : nouveau moyen de lutte contre l’ambroisie ?

Publié le 28 Juin 2024
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Pâturage par une chèvre @ CDA24

L’utilisation des moutons, chèvres ou vaches pour lutter contre l’ambroisie en milieu agricole est en cours d’expérimentation dans le Périgord. Etudier l’efficacité du pâturage pour lutter contre cette plante et évaluer ses impacts agronomiques font partie des grands objectifs d’Inter-AGIT+. Explication avec Laura Dupuy, chargée du projet au sein de la chambre d’agriculture de la Dordogne.

Quelles sont les origines du projet INTER-AGIT+ ?

Nous avons été retenu dans le cadre d’un appel à projet CASDAR. Le projet, programmé de janvier 2022 à juin 2025, a pour objectif global d’accompagner les éleveurs et les céréaliers pour permettre le développement du pâturage d’intercultures au sein des territoires et favoriser une nouvelle forme de polyculture-élevage durable. Parmi les axes de travail, il s’agit de valider le pâturage comme alternative intéressante pour gérer les intercultures dont l’ambroisie à feuilles d’armoise, doté d’un arrêté préfectoral de lutte obligatoire sur notre département. Nous travaillons en copilotage avec l’Idèle (Institut de l’Elevage) et des partenaires techniques dont des structures de recherche et d’enseignement supérieur.

Quelles sont  les spécificités de cette gestion de l’ambroisie ?

L’ambroisie est une plante fortement allergisante. Cinq grains/m3 d’air suffisent à induire des symptômes d’allergie. Une seule plante est capable de produire plus d’1 milliard de grains de pollen… Et les graines sont capables de germer 40 ans après. Il y a une forte persistance du stock semencier.  Pour être efficace, il faut faire pâturer avant la période de floraison de l’ambroisie.

D’après les premiers suivis de 2023, il faudrait faire pâturer ras (la pâture à 8 cm laisse des ramifications avec des feuilles qui favorisent un redémarrage 4 jours après la coupe en aout) et il faudrait 3 pâturages successifs. En 2024, nous validerons les processus de gestions de l’ambroisie en fonction de tous ces éléments,  des surfaces, du comportement des troupeaux. Nous travaillons aussi sur la sécurisation juridique de ce type de partenariats entre éleveurs et céréaliers.

Existe t-il des risques d’allergie pour les animaux ?

Si la plante est nocive pour l’homme, elle est inoffensive pour les ovins et bovins. Nous avons noté deux aspects intéressants : plus le stade est avancé, plus le goût et l’odeur sont forts, moins les animaux mangent l’ambroisie. Lorsque la tige s’épaissit, les animaux mangent uniquement les feuilles. Nous avons également produit des analyses pour connaître les valeurs alimentaires de l’ambroisie. C’est une plante riche en protéine, similaire à celle d’une légumineuse, qui peut remplacer le foin. C’est un argument intéressant pour les éleveurs.

Les moutons ne sont pas valorisés simplement comme des tondeuses mais dans une approche agricole équilibrée. Plus intéressant que d’utiliser des herbicides ou des actions mécaniques pour s’en débarrasser ! Nous avons interrogé des céréaliers en bio et en conventionnel, ils sont intéressés par ce type de gestion. En filigrane, l’objectif est bien sur de remplacer les herbicides par du pâturage pour gérer la destruction des intercultures.

Présentation du projet INTER-AGIT+

Site de la Chambre d’Agriculture de Dordogne

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