Risques émergents

L’école dehors avec des moutons

Publié le 06 Septembre 2024
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L’idée est proposer des activités sécurisantes pour les enfants et le troupeau de mouton @ CPIE Seuil du Poitou

Les classes dehors constituent de véritables terrains d’aventures, qui initient les enfants aux questions environnementales tout en améliorant leur bien-être. Mais à Poitiers, on innove en travaillant avec des moutons en éco-pâturage pour favoriser le développement cognitif, émotionnel, moral et moteur des enfants. Explications avec Claire Touchard, chargée de mission et éducatrice à l’environnement au sein du CPIE Seuil du Poitou.

En quoi consiste le projet « « Dessine-moi un mouton » ? 

C’est un programme novateur pour initier « la classe dehors » avec des élèves de l’école élémentaire en s’appuyant sur l’éco-pâturage. Le projet « »Dessine-moi un mouton » est piloté par le CPIE seuil du Poitou, association d’éducation à l’environnement en partenariat avec Maud Regnier, gérante de l’entreprise d’éco-pâturage « Le Champ des possibles », l’école Georges Brassens, l’Université de Poitiers, Promotion Santé Nouvelle Aquitaine et l’Inspection Académique. L’idée est de proposer  des activités sécurisantes pour les enfants et le troupeau de mouton, dans un contexte de sensibilisation à la biodiversité et de pédagogie active. Sur l’année scolaire 2023/2024 se sont déroulées deux séances par mois : une en autonomie et une avec les intervenants.

Quelles évolutions avez-vous observé chez les enfants qui ont participé au projet ? 

Le bénéfice de l’école nature pour les enfants est aujourd’hui bien renseigné. Intégrer la nature à l’éducation, c’est positif pour les apprentissages, pour le développement émotionnel et social, pour la conscience environnementale, pour les compétences cognitives, la créativité, la coopération… Tout cela est constaté par les enseignants qui s’appuient sur ce type d’enseignement. Ce qui est flagrant, c’est le développement de la coopération entre enfants. Pendant ces journées dans la nature, il y a un temps de jeu libre. Des enfants qui ne coopèrent pas habituellement dans la cour de l’école vont ici coopérer sur un projet. Pour fabriquer un restaurant par exemple, ils vont se mettre à recréer une façon de communiquer différente pour « faire ensemble ».

Je tiens à préciser que nous travaillons sur l’éducation par l’environnement et non pour, ce qui est une autre notion. En ce qui concerne le lien au mouton, il est de cette même nature, il n’est pas un outil de médiation animale traditionnel. Il n’y a pas de contrainte. Notre ambition n’est pas de l’apprivoiser mais de faire en sorte que les enfants s’adaptent à lui. C’est un animal grégaire mais craintif et pacifique. Les enfants doivent être patients, adopter de nouveaux comportements en fonction de ses réactions. Maud leur a, par exemple, appris à diriger le troupeau.

Comment mesurer ces bénéfices ?

Nous avons accueilli une stagiaire en master de psychologie qui a construit un questionnaire pour la rentrée prochaine. Celui-ci sera renseigné à la fois auprès d’une classe dehors classique et auprès de la classe qui bénéficie du projet « dessine moi un mouton » afin de mesurer si le mouton apporte quelque chose de supplémentaire dans le développement cognitif, émotionnel, moral et moteur des enfants.

Votre projet incarne t-il le concept One health (une seule santé) ? 

Si on entend par là l’interdépendance de la santé du milieu naturel avec la santé humaine, c’est en effet un des axes du projet. On fait comprendre par exemple aux enfants en quoi l’éco-pâturage est favorable à la biodiversité. Comment une ville peut recréer un équilibre, comment la manière d’entretenir un terrain peut participer au développement de la richesse d’un sol… C’est l’occasion de réfléchir sur ces notions-là et de comprendre que la santé est partout autour de nous.

 

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