La nuit, la lumière artificielle provoque des effets néfastes sur les animaux, les végétaux et les humains. Pour sensibiliser le public à cette pollution lumineuse, la Société d’astronomie populaire de la Côte basque (SAPCB) a conçu un jeu coopératif, actuellement en phase de test. Le but : amener les joueurs à comprendre les bienfaits de l’obscurité nocturne sur la vie animale et, en filigrane, aborder les notions de santé environnementale et humaine.
L’alternance jour-nuit et la variation de la durée nocturne règlent l’horloge interne d’un grand nombre d’êtres vivants : déclenchement du sommeil, floraison, migration, reproduction… Toutes les couleurs de l’arc-en-ciel, plus l’infrarouge et l’ultraviolet, sont des ondes émises par le Soleil qui sont devenues des sources d’information pour le vivant.
Le problème vient de la présence d’un éclairage artificiel nocturne, quel qu’il soit, y compris celui émis par des lampes à LED. Le halo lumineux au-dessus des agglomérations occulte la vision des étoiles et gêne l’orientation des migrateurs. Les insectes volants nocturnes piégés par la lumière tournent jusqu’à épuisement mortel autour des lampadaires, ce qui nuit à la fois à leur reproduction et à la pollinisation des fleurs. Les pipistrelles, insectivores, profitent de l’aubaine, tandis que d’autres chauves-souris, lucifuges, évitent au contraire les zones éclairées.
Cathy Constant, bénévole de l’association SAPCB ? se désole : « Je n’ai jamais vu de ver luisant en France alors que c’est un coléoptère indigène. Par les belles nuits d’été, les femelles, perchées au sommet de brindilles, allument l’extrémité de leur abdomen et l’agitent pour attirer les mâles aux yeux immenses qui patrouillent en volant à faible hauteur. Désormais, les lumières artificielles éclipsent souvent ces signaux très ténus et nuisent à la reproduction de ces insectes. L’éclairage nocturne est aussi suspecté d’affecter les humains par l’altération du système hormonal qui régule leur horloge biologique. »
C’est dans ce contexte qu’est advenue l’idée de ce jeu, développé et financé dans le cadre de l’appel à projet « One health, une seule santé » des réseaux de CCSTI de la région Nouvelle-Aquitaine.
Christophe Marquestaut, animateur de l’association SAPCB, explique : « Le principe du jeu est simple. Il est proposé à partir de 6 ans mais pourra être adapté aux plus âgés (ados, adultes). Sur un plateau de jeu représentant la géographie locale de l’Adour à l’Uhabia, quatre équipes de joueurs devront s’échanger des cartes d’animaux caractéristiques de quatre milieux, aquatique, littoral, forestier et urbain. En prenant la décision du maintien, de la réduction ou de l’extinction de la lumière dans un lieu donné, ils influeront sur le devenir de ces animaux. Un bilan en fin de partie avec l’aide de l’animateur permettra d’intégrer d’autres enjeux comme l’importance des équilibres naturels et l’impact sanitaire sur l’humain. A l’inverse d’un discours anxiogène, ce jeu est destiné à montrer des pistes simples d’action locale pour le bienfait de la santé de tous. »
Le jeu est ancré dans le territoire où vivent (réellement ou potentiellement) les animaux qui figurent sur les cartes, comme l’écrevisse à patte blanche, la sittelle torchepot ou encore le ver luisant qui est l’emblème du jeu. Actuellement en phase de test auprès des plus jeunes, le jeu sera disponible en prêt à l’association SAPCB.
Plus d’information sur le site astrobasque