Durant 3 ans, Isabelle Blanquart, infirmière en pneumologie au Centre Hospitalier d’Angoulème et Laura Isidoro, animatrice en santé publique, ont silloné la Charente pour mesurer la qualité de l’air intérieur dans 25 écoles. Résultat : 63% des classes ont des taux de dioxyde de carbone supérieurs aux recommandations. Bilan avec Laura Isidoro.
Quels étaient les objectifs de l’étude ?
Le projet, porté avec l’école de l’asthme du Centre Hospitalier d’Angoulême a été créé dans le cadre d’un appel à projet de l’ARS Nouvelle-Aquitaine pour développer les actions de prévention hors les murs par les établissements de santé. L’objectif général était de réduire l’exposition des enfants à la pollution intérieure en sensibilisant les professionnels intervenant dans les écoles de Charente. De manière opérationnelle, nous avons réalisé des mesures dans les classes (130 au total, dont la moitié en secteur rural et l’autre moitié en secteur urbain) avec et sans les enfants, testé les systèmes de ventilation, recensé les initiatives et fait la synthèse des mesures lors de réunions de restitution. Les mesures ont porté sur l’humidité, la température, le dioxyde de carbone, la ventilation, les produits d’entretien présents, leurs usages, les fournitures scolaires et les loisirs créatifs.
Quels sont les grands enseignements ?
Si le taux d’humidité et la température se sont révélés corrects, les valeurs concernant le dioxyde de carbone, ont des taux supérieurs aux recommandations pour 63% des classes. Les pics les plus importants ont été observés au sein de dortoirs d’écoles maternelles, sans ventilation. Le dioxyde de carbone provoque une baisse de la concentration, une somnolence, une sensation de mal être et des maux de tête. Souvent ces symptômes avaient été observés par les enseignants qui en ignoraient la cause. Ces taux élevés ont plusieurs sources : des ventilations absentes ou peu entretenues, peu d’aération pendant la classe, du double vitrage qui crée des pièces hermétiques. Certaines écoles avaient déjà été équipées de détecteurs de dioxyde de carbone mais ces produits étaient souvent mal ou pas utilisés. Concernant les produits d’entretien, nous en avons compté parfois plus de 50 différents ! Nous avons constaté régulièrement un mésusage, tant sur la dilution, le rinçage ou les surfaces d’utilisation. Les agents d’entretien utilisent rarement des gants, masques, évoquant « la perte de temps, bien que cela soit stipulé sur les produits.
Quelle suite face à ce bilan ?
Lors de nos visites dans les écoles, nous avons réalisé des restitutions des observations en fin de journée au sein de l’école. Au total, 197 personnes ont participé à ces rencontres, élus, agents communaux, enseignants, conseiller pédagogique de secteur et infirmière scolaire. Ces moments ont été l’occasion d’échanger sur les moyens et les solutions à mettre en œuvre pour limiter l’impact de ces composants. Cette restitution était le seul moment que nous avions avec les communes pour évoquer le changement de pratique. C’est insuffisant pour améliorer les pratiques. Nous souhaitons être pro-actif sur ce sujet. En lien avec les CLS et en partenariat avec la CPAM, nous allons déployer des accompagnements auprès des Communautés de Communes pour informer les élus et permettre aux agents le changement de pratiques. Cela peut passer parfois par des actions assez simples : faire dégazer des produits neufs pendant les vacances scolaires, orienter vers les références « Cartable sain » pour les achats scolaires, trouver des alternatives au produits chimiques (microfibre,vapeur…)… Les outils les plus simples sont souvent les plus efficaces
Lien vers une vidéo de présentation du Centre Hospitalier d’Angoulême.