A l’occasion de la Semaine pour les alternatives aux pesticides, gros plan sur la commune d’Anglet (Pyrénées-Atlantiques). Déjà en avance sur l’interdiction, entrée en vigueur le 1er janvier 2017, d’utiliser des produits phytosanitaires pour l’entretien des espaces verts, la ville d’Anglet s’attache désormais à communiquer auprès de ses administrés sur le retour de la nature en ville. Elle sensibilise les jardiniers amateurs qui ne pourront plus utiliser ces produits à compter du 1er janvier 2019.
La Ville d’Anglet a réduit l’utilisation de pesticides dès 2010, avant de la proscrire totalement jusqu’aux 3 cimetières et aux plaines sportives, allant alors au-delà du cadre réglementaire. Les principes de gestion écologique sont intégrés en amont des projets d’aménagement ou de réorganisation des espaces afin de gagner du temps pour le désherbage, qui se fait désormais à la main ou à l’aide de herses rotatives. Les 63 agents de gestion des espaces verts, sports et fauchage veillent à la qualité agronomique des plantations, à leur résistance naturelle, en utilisant des espèces adaptées à chaque lieu, à sa fréquentation et à ses usages. « Par exemple, à la plage des Cavaliers, une partie des brise-vents de brandes va être remplacée par des haies végétales qui protègent suffisamment de l’ensablement et certaines haies doubles comme celle de l’allée Belle-Marion vont aussi disparaître. Cela permettra de redéployer du temps de travail des agents sur l’entretien d’espaces en zéro phyto » explique Marie-Laure Guillemin, du service environnement de la commune basque. Le message de la mairie : protéger la biodiversité, mais surtout la santé de la population et de ses employés municipaux. Une politique que la collectivité s’emploie maintenant à transmettre à ses administrés. Les standardistes de la municipalité ont été formés pour répondre aux éventuelles plaintes des habitants et une brigade d’intervention rapide est en place pour faire le nécessaire.
Une campagne d’affichage « révolutionnaire »
« Sous les pavés, la plante » est le slogan imaginé par les élus d’Anglet pour informer les Angloys des conséquences du « zéro phyto » sur le paysage urbain. En filigrane « c’est un slogan qui fait écho à Mai 68, bien sûr, et qui incite au changement de regard sur ces végétaux, longtemps bannis et de nouveau autorisés et au changement de pratique. La campagne d’affichage a été lancée pendant la semaine pour les alternatives aux pesticides et accompagnée d’une conférence « Anglet : Mission Zéro pesticide ! » avec les services techniques et le bureau d’études Territori, pour donner des exemples concrets des changements opérés sur la commune et applicables dans son jardin. 25 personnes se sont déplacées, dont plusieurs élus de différents quartiers » explique Marie-Laure Guillemin. Mais pour certains habitants, les espaces rendus à la nature sont perçus comme mal entretenus, comme des mauvaises herbes plutôt que des refuges pour la biodiversité. Pour accompagner le changement et développer une autre culture du végétal, des panneaux explicatifs sur les nouveaux modes d’entretien des espaces verts seront installés dans la ville. « Nous allons travailler avec les enfants dans le cadre d’un projet périscolaire autour d’un mur près du littoral où pousse cette nature ordinaire. Les enfants vont les encadrer et étiqueter leur nom par terre. Pâturins, marguerites, pissenlits ; cette flore des pavés retrouvera ainsi ses lettres de noblesse ! »
La Ville continue à réfléchir à des actions éducatives possibles pour préparer les habitants à ne plus jardiner avec les produits phyto. « Le 28 avril, une journée portes ouvertes dans les serres municipales est organisée, avec une conférence et l’exposition des nouveaux engins acquis. Nous avons programmé également 2 ateliers : une rencontre aux jardins pour échanger avec l’association des jardins familiaux du Maharin et Bio’Diversités : des ateliers d’expérimentation pour tous les âges animés par l’association Ecocène », conclut Marie-Laure Guillemin.