La communauté urbaine de Grand Poitiers a mené une étude sur le Projet d’Aménagement et de Développement Durable avec le souhait que la santé essaime tout au long de la construction du PLU(i). Une Evaluation d’Impact sur la Santé a été intégrée à sa construction, couvrant désormais 40 communes. Explications avec Yann Moisan, consultant au sein de Novascopia, qui a mené la démarche.
Dans quel contexte s’intègre cette EIS ?
Cette mission s’inscrit dans l’objectif 2 du PRSE 3 Nouvelle-Aquitaine : « Promouvoir un environnement favorable à la santé et adapté aux caractéristiques du territoire », porté par la DREAL. Grand Poitiers souhaitait intégrer les enjeux de santé-environnement dans le futur PLU(i), nous avons proposé une EIS adaptée aux spécificités d’un document d’urbanisme. Nous avons privilégié un travail interdisciplinaire avec des élus et des techniciens. Il s’agissait de mieux prendre en compte les spécificités des territoires couverts en cohérence avec le PADD, qui exprime le projet de territoire donc les grandes orientations du PLU(i).
Quelles ont été les différentes phases ?
Le point de départ a été une phase d’acculturation. Un séminaire a été proposé en mars « urbanisme et santé : Une alliance pour le territoire ». Une quarantaine de participants étaient présents, issus des différents services : santé, mobilité, urbanisme, nature et biodiversité… Puis nous avons travaillé sous la forme d’une recherche action en co-construction avec les services de la collectivité. Cinq déterminants de santé ont été choisis : l’accès à l’eau, les mobilités douces, la connexion à la nature, les îlots de chaleur urbain et les liens alimentation/ pratiques agricoles. 35 recommandations ont été réparties sur ces 5 déterminants avec des indicateurs mobilisables sur 6 à 15 ans.
Concrètement, de quels type de recommandations s’agit-il ?
De nombreuses recommandations dépassent le cadre du PLU(i) et doivent être partagées par le CLS ou encore le SCOT et le PCAET. Les recommandations fonctionnent par questions clés qui vont guider les orientations. Aujourd’hui, une des questions essentielles qui se pose, c’est comment un document de planification peut se saisir de la préservation de la ressource en eau que ce soit en terme quantitatif ou qualitatif.
Il y a encore 4 ou 5 ans, cela aurait été surprenant d’intégrer l’accès à l’eau dans ces travaux. Par exemple, en amont d’un projet d’aménagement, le développement démographique peut-être conditionné par la gestion de la ressource en eau. C’est l’un des enseignements de cette étude. La prise en compte de l’eau comme un enjeu de santé publique apparaît comme une priorité essentielle.
Quelle est la pertinence d’une EIS sous l’angle d’un PLU(i)?
Le PLU(i) constitue un document prescriptif qui permet de promouvoir un urbanisme favorable à la santé. Dans ce cadre, une EIS est pertinente pour renforcer une meilleure prise en compte des déterminants de santé à travers la préservation de l’environnement et du cadre de vie, de mise en œuvre des politiques de l’habitat et des mobilités. On ne peut que se féliciter que des collectivités choisissent désormais de placer la santé dans des documents d’urbanisme et de manière transversale.
La santé ne se limite pas à des questions médicales : tout dans l’environnement participe à l’état de santé des habitants. Une EIS permet de savoir sur quelles ressources la collectivité va pouvoir s’appuyer et à quelles problématiques il faudra répondre. C’est un levier qui permet des échanges entre les différents services.
A mon sens, l’atteinte des résultats en matière de santé environnementale ne sera possible qu’à travers un suivi rigoureux des indicateurs (sur le temps longs !) et la capacité à trouver des compromis pertinents entre les enjeux des pôles urbains et la spécificité des territoires plus ruraux.
Plus d’information sur le site de Novascopia