Déjà 14 Evaluations d’Impact sur la Santé (EIS) ont été réalisées en Nouvelle-Aquitaine dans le cadre du PRSE NA. Cette ambitieuse politique régionale de développement des EIS, menée par l’ARS, s’est appuyée sur la création d’un dispositif unique en France, coordonnée par l’IREPS NA : COMODEIS, un dispositif agile qui accompagne et forme les collectivités dans la mise en place et la réalisation d’une EIS. Dans ce cadre, une formation « starter » spécifique a été conçue avec Patrick Berry, consultant sociologue expert en EIS. Retour sur le déploiement de ces formations.
Comment s’organise la mise en place des formations sur un territoire ?
L’IREPS, qui coordonne le dispositif COMODEIS, se charge en amont de faire naitre les projets grâce à son équipe de référents EIS qui sillonnent la région pour sensibiliser, accompagner et former les collectivités en collaboration avec les 12 délégations départementales de l’ARS. Pour faciliter le lancement d’une EIS, une fois que celle-ci a été validée, cette formation est proposée à un groupe de 15 à 20 personnes issues de différents services des collectivités, qui vont suivre l’EIS et feront partie du comité de pilotage pour la plupart. La formation est dispensée sur 2 jours.
Quelle est la plus-value de ce dispositif ?
Cette formation « starter » permet d’acculturer l’ensemble des acteurs à la démarche, afin que tous comprennent les modalités de réalisation d’une EIS et s’approprient les termes du débat. Les évaluations à chaud de cette formation sont excellentes en termes de compréhension des enjeux. Une dynamique de groupe s’amorce à partir de ce collectif qui se construit pendant ces deux jours.
Comment se déroulent ces 2 jours ?
Cette formation se décline en quatre temps. Une première matinée est consacrée aux notions de santé, déterminants, bien être, qualité de vie… : Tout comme dans une EIS, il s’agit de prendre en compte les représentations sociales des participants et de forger une culture commune. L’après-midi, nous travaillons sur les « coulisses » d’une EIS autour des questions de méthodologie afin que les participants comprennent les choix, les différents périmètres de travail, les critères de priorisation utilisés lors de l’EIS… C’est une approche interactive, qui permet de comprendre les enjeux qui vont se poser. La deuxième journée aborde concrètement le projet déjà sélectionné par l’IREPS, en compagnie du prestataire choisi qui fait la synthèse de cette deuxième journée. Puis nous partons sur site pour une séance de travail d’observation où nous commençons à identifier les premiers impacts sur la santé, ce qui va nous aider à faire un pré-cadrage et lancer ainsi le travail de l’EIS.
Cela fait 3 ans que vous dispensez ces formations pour COMODEIS, quel regard portez-vous ?
Une évaluation sur le dispositif va bientôt avoir lieu. Environ 300 personnes ont suivi cette formation depuis 3 ans. On retrouve souvent les mêmes questionnements en début de formation. A quoi ça va servir ? N’est-ce pas trop chronophage sur les agendas ? Comment rendre concret cette démarche pour les citoyens ? Est-ce que les projets seront jugés uniquement par ces arguments santé ? Comment va-t-on s’approprier ces questions-là ? Les différents services des collectivités ont peu l’habitude de travailler ensemble. L’EIS est, en quelque sorte, un prétexte pour cette rencontre. C’est un outil, parmi d’autres, qui permet, au sein d’une collectivité, de comprendre et d’expérimenter le fait que, même lorsqu’on ne travaille pas spécifiquement sur la santé, notre activité a des conséquences sur la santé et la qualité de vie des populations ! Et surtout, c’est un outil qui permet de fédérer des mondes qui ne se côtoient pas (environnement, urbanisme, services sociaux, associations, services scolaires…) et qui sont finalement très intéressés pour travailler ensemble.