Fin 2018, Clément Crozet, écologue, et Mélody Nicoud, architecte, ont créé l’association Santérritoire dont l’objectif est de mettre en lumière des initiatives favorables à la santé des territoires et d’étudier les rapports entre la santé des humains et leurs environnements de vie. L’association fait partie du collectif Santé planétaire dont l’objectif est, depuis 2018, d’œuvrer pour les concepts de santé planétaire et de santé environnementale. Fin 2020, l’association a proposé des ateliers philo dans deux écoles des Pyrénées-Atlantiques, dans le cadre de l’Écoparlement des jeunes 64 piloté par le Centre Permanent d’Initiatives pour l’Environnement Béarn. Objectif des ateliers : sensibiliser les scolaires aux enjeux de santé environnementale et leur apprendre à se questionner sur ces sujets. Le retour d’expérience de Clément Crozet.
L’aventure a commencé par un tour d’Europe à vélo, en 2018. Mélody Nicoud et Clément Crozet sont partis à la rencontre d’initiatives d’architecture et d’aménagement du territoire favorables à une santé partagée. Dans les sept pays qu’ils ont traversés, ils ont recensé 35 initiatives innovantes en la matière.
De retour en France, ils ont créé leur agence Architecture et santé et une association, Santérritoire, destinée à faire le lien entre les acteurs de la santé environnementale et la sensibilisation du grand public. L’exposition qu’ils ont conçue ensuite, « Une santé partagée », met en lien la biodiversité, l’architecture et la santé.
Fin 2020, dans le cadre de l’Écoparlement des jeunes des Pyrénées-Atlantiques, dispositif pédagogique d’éducation à l’environnement piloté par le Centre Permanent d’Initiatives pour l’Environnement (CPIE) Béarn, Clément Crozet et Mélody Nicoud sont intervenus, par visio-conférence, dans les classes de CM1-CM2 de deux écoles primaires, à Sedzère et à Pau. « Pour lancer le débat, nous avons présenté aux élèves différentes images de nature et de paysages, sur lesquelles ils ont été invités à s’exprimer », explique Clément Crozet. Forêts, cour d’école en béton ou végétalisée… Les enfants devaient décrypter, à leur façon, le lien entre nature et santé. « Le système de soins compte pour 12 à 15% sur l’état de santé d’une population, les 85% restants sont les environnements de vie », énonce l’écologue. « L’objectif de cet atelier est d’amener chaque enfant à s’interroger sur les relations entre sa santé et ses environnements de vie et, plus largement, à se questionner sur sa vision du monde ».
Pour cela, les intervenants et enseignants ont incité les élèves à prendre la parole, à argumenter, et à débattre, en les aiguillant avec des « questions-cadres » : qu’est-ce que la biodiversité ? Le paysage ? La santé ? Quels sont pour vous les liens entre les trois ? En quoi l’environnement façonne-t-il l’humain ? L’être humain est-il un animal comme les autres ? « L’idée est également de recueillir la perception des enfants sur ces sujets, pour nous permettre de construire ensuite des ateliers de sensibilisation plus précis à destination de chaque public », reprend Clément Crozet, en soulignant les différences observées entre les publics. « Les enfants n’ont pas la même perception que les adultes sur ces sujets. Par exemple, lorsqu’on évoque l’environnement, ils ne parlent pas spontanément de maladies, contrairement aux adultes, et ils font davantage le lien direct avec la santé en général ».
Petit bémol, pour l’intervenant : les conditions de l’atelier, en visio. « La philo se prête assez mal aux échanges virtuels, il est important pour lancer un vrai débat d’être réunis « en vrai » ! ». Mais ces ateliers ont été instructifs pour les intervenants. « Les réactions des enfants sont toujours intéressantes. Et ces échanges, même virtuels, nous donnent des idées pour les prochaines séances de sensibilisation, qui demandent une adaptation fine aux différents publics que l’on côtoie ».