A l’ère des métropoles, voire des mégalopoles, et des pathologies spécifiques liées à la ville, comment intégrer dans l’urbanisation des enjeux sanitaires essentiels ? Par le croisement des regards et des perspectives, la Matinée du jeudi 17 novembre 2016 a rendu compte des enjeux et des questionnements auxquels sont confrontés les différents acteurs en matière de « santé urbaine », ainsi que des outils opérationnels pour commencer à agir
Smog de Londres en 1952 : 4000 à 12 000 décès liés au dioxyde de soufre. Minamata entre 1939 et 1996 : 3500 victimes directes et 10 000 malades chroniques liés au mercure. Aujourd’hui, c’est la Chine qui s’étouffe en respirant un air de mauvaise qualité, et demain ? Depuis des siècles, urbanisme et santé environnementale se mêlent.
Premier intervenant de la Matinée intitulée « Vers la prise en compte de la santé environnementale dans les politiques d’urbanisme », Cyrillle Harpet, philosophe et anthropologue à l’Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique, département Santé environnement travail et génie sanitaire, l’a rappelé : l’urbanisation observée mondialement exerce des pressions sur les milieux et les ressources, à l’origine de risques écologiques et humains. Si aujourd’hui on connaît plus finement les interactions entre dimension urbaine, sociale et autres mécanismes de construction de la santé, il est acquis que notre cadre de vie a un impact direct sur les déterminants de notre santé et que celle-ci ne dépend pas seulement de facteurs biologiques ou de comportements individuels mais également des conditions et milieux de vie.
« Alors, quels sont les enjeux à prévoir et à prendre en compte ? » interroge Cyrille Harpet. Pour peser sur les déterminants fondamentaux de la santé, il faut agir sur les caractéristiques – physiques, fonctionnelles, sociales – de la ville. Un guide Agir pour un urbanisme favorable à la santé est paru en 2014, publié par l’EHESP, conçu pour les Agences régionales de santé (ARS) mais aussi pour tous les acteurs impliqués dans le processus de décision urbain (aménageurs, collectivités, DREAL, élus…). Bob Clément de l’A’Urba est venu ensuite présenter le Guide P.L.U. et santé environnement. Ce guide méthodologique vise à accompagner les maîtres d’ouvrage et maîtres d’œuvre de ces Plans Locaux d’Urbanisme, dans la prise en compte des enjeux de la santé environnementale. Joséphine Tamarit, de l’Agence Régionale de Santé Nouvelle-Aquitaine et Isabelle Haumont, de Bordeaux Métropole ont quant à elles présenté l’Evaluation d’Impact sur la Santé en général et plus particulièrement celle qui concerne la ZAC « Les Vergers du Tasta », première EIS en ex-Aquitaine.
Les trois temps de cette Matinée du jeudi à la Maison éco-citoyenne de Bordeaux ont permis à la fois une compréhension de la construction de la relation entre santé et urbanisme, un tour d’horizon des enjeux et un regard sur des réponses tant institutionnelles qu’opérationnelles ayant fait leurs preuves dans des contextes divers. Une quarantaine de participants étaient présents, à la fois du monde de la santé, de l’environnement et de l’urbanisme, favorisant ainsi le dialogue inter-professionnel dans cette nouvelle « fabrique de la ville », qui tend vers de nouvelles formes de collaborations interdisciplinaires.