La Communauté de Communes du Mellois élabore actuellement son plan local d’urbanisme intercommunal-habitat (PLUi-H). Une feuille de route qui intègre les enjeux de santé aux questions de l’aménagement du territoire. C’est dans ce cadre que le 2 février, la Ville de Melle a invité l’urbaniste Sylvain Grisot à mener une conférence sur l’urbanisme circulaire, alternative à l’étalement urbain et à l’artificialisation des sols. L’événement était organisé en partenariat avec l’INRAE, le Centre d’Etudes Biologiques de Chizé, le CNRS, la Bêta-Pi, L’Espace Mendès France et la Communauté de Communes du Mellois.
Interview de Sylvain Grisot, auteur de Manifeste pour un urbanisme circulaire :
Comment définir l’urbanisme circulaire ?
C’est l’inversion des priorités sur la façon dont on fabrique nos villes. Au lieu d’aller consommer de nouvelles terres agricoles toujours plus loin dans la périphérie pour construire des commerces et logements neufs, l’urbanisme circulaire propose de s’intéresser d’abord à l’existant. L’objectif est bien sûr de réduire l’artificialisation des sols, mais aussi de réduire les distances entre lieux de résidence et lieux de travail, et par conséquent la dépendance à la voiture.
Quelles actions concrètes peuvent être mises en œuvre ?
Je vois essentiellement quatre boucles pour un urbanisme plus en accord avec les limites planétaires. Tout d’abord, l’intensification des usages des bâtiments. Par exemple, une école pourrait très bien accueillir les réunions des associations en soirée, et éviter ainsi que la collectivité construise une maison des associations. La deuxième boucle, c’est la transformation : réemployer l’existant permet un bilan carbone 5 à 10 fois inférieur à ce que coûterait, en termes de ressources, la démolition de l’ancien et la construction d’un bâtiment neuf. La troisième boucle, c’est la densification, autrement dit l’utilisation des espaces libres dans les zones urbaines et péri-urbaines pour de nouvelles constructions. Sans oublier de densifier végétalement aussi ! Enfin, la dernière boucle, c’est le recyclage, c’est réassigner un nouvel usage urbain à une friche industrielle ou commerciale, plutôt que de la laisser à l’abandon.
Voit-on des dynamiques autour de l’urbanisme circulaire en Nouvelle-Aquitaine ?
On observe des exemples de renouvellement urbain, de densification et de recherche de dents creuses autour de Poitiers notamment, avec des projets mais aussi des réflexions de fond sur la structuration d’une logique de sobriété foncière. Autour de Bordeaux il existe des projets de réemploi de bâtiments existants, mais aussi des prototypages de bâtiments réversibles, qui seront demain en capacité de changer d’usage et qui ne seront donc pas soumis à une forme d’obsolescence programmée. Mais ce sont aujourd’hui encore des projets singuliers, souvent exemplaires. La question est : comment arrive-t-on à accélérer le rythme pour que cela devienne le quotidien ? On peut voir néanmoins que les acteurs sont en train de réaliser que nous sommes face à deux murs : le mur du carbone et le mur de l’artificialisation des sols, et que globalement tout cela doit cesser.
