L’agence d’urbanisme Bordeaux Aquitaine (A’urba) a publié cette année ses travaux concernant les mécanismes en jeu et principes pour des aménagements plus résilients en lien avec les îlots de chaleur. En une trentaine de pages, ce cahier de l’A’urba détaille pourquoi, où et comment aménager au mieux ces nouvelles oasis urbaines. Rencontre avec Dimitri Boutleux, ingénieur paysagiste, chargé d’étude en urbanisme et projet urbain à l’A’urba.
A qui s’adresse ce cahier ?
Nous sommes missionnés par Bordeaux Métropole sur un programme de travail partenarial autour des enjeux de l’espace public. Nous les accompagnons sur des sujets de perspectives urbaines en étant force de proposition. Cette collection « Regard sur l’espace public » s’est emparée de trois thèmes : le mobilier, l’art dans l’espace public et les îlots de chaleur urbain. Pour cette dernière thématique, nous avons travaillé en collaboration avec la mission espace public et patrimoine de Bordeaux Métropole et le service haute qualité de vie de Bordeaux Métropole. Ce cahier est directement destiné aux techniciens des pôles territoriaux de Bordeaux Métropole mais aussi au grand public, ainsi qu’aux professions liées à la planification urbaine. Il vise à sensibiliser et à construire une culture commune pour permettre aux techniciens de rédiger et nourrir un cahier des charges pour qu’un espace public soit plus résilient.
La résilience aux îlots de chaleur urbains, qu’est ce que cela signifie ?
Le phénomène d’îlot de chaleur est très fortement lié à l’occupation du sol. Il faut recréer un équilibre en terme de milieu, afin que le sol, au lieu de stocker la chaleur, joue un rôle de climatiseur. Lorsqu’on a planté les arbres il y a 30 ans, on a coulé le bitume jusqu’au collet. Les arbres n’ont pas bénéficié des conditions favorables à leur bon développement. Il s’agit aujourd’hui d’aller moins vite pour moins se tromper sur certains aspects dont la prédétermination des usages de l’espace public. Le bitume et le tout tuyau (aujourd’hui sous calibré pour absorber les pluies décennales) ne fonctionnent plus. Dans ce cahier, nous abordons les principes pour favoriser la mise en œuvre des îlots de fraîcheur, avec une vision écosystémique de la ville. Il faut réfléchir à la présence du végétal, de l’eau (bassin, noue végétalisée…) et des choix de matériaux. Il n’y a pas que l’arbre comme solution !
Il s’agit aujourd’hui d’une approche globale ?
Oui, c’est un sujet que nous travaillons à l’A’urba depuis quelques années. Un de mes collègues, Bob Clément, a notamment travaillé sur une approche typo-morphologique et a déterminé cinq familles de tissus urbains jugés prioritaires du point de vue de la hausse de la température et de l’impact sur la population. Il y a évalué l’inertie thermique, la profondeur des canyons urbains, l’orientation des rues, les surfaces perméables et végétalisées, la chaleur d’origine anthropique et les surfaces en eau afin de déterminer des mécanismes favorables, ou non, au réchauffement climatique. Ce sont des travaux aujourd’hui très utilisés par la métropole et qui se sont traduits par des posters avec des préconisations. La première partie de ce cahier restitue les principaux éléments d’analyse de ce rapport.