En réponse à une saisine de la Direction générale de la santé concernant l’opportunité d’une surveillance épidémiologique autour du bassin industriel de Lacq (Pyrénées-Atlantiques), Santé publique France a développé une approche mixte combinant les approches qualitatives et quantitatives. L’étude du contexte local, publiée le 9 mai 2019 est le premier volet de ce travail. Deux autres investigations doivent être finalisées : une étude géographique de mortalité et une étude exploratoire de morbidité.
Depuis plusieurs années, associations environnementales et riverains du bassin de Lacq réclamaient des études sur la santé des habitants. La zone industrielle de Lacq regroupe l’exploitation du plus gros gisement gazier de France, ainsi des activités de désulfurisation, de thiochimie (chimie du soufre) et de chimie fine. Le site comprend 43 installations classées (ICPE) dont 15 sont classées SEVESO seuil haut et 6 SEVESO seuil bas.
En 2002, une étude épidémiologique réalisée par l‘Institut de santé publique, d’épidémiologie de développement (ISPED) avait « mis en évidence une surmortalité dans la zone à proximité du bassin industriel de Lacq comparativement aux zones témoins plus distantes, chez les personnes âgées de moins de 65 ans, pour toutes causes de décès confondues et par cancer », rappelle Santé publique France. En 2015, suite à la publication d’un référé de la Cour des Compte, un collectif d’élus et l’association SEPANSO demandent à la Ministre de la Santé la mise en place « d’une étude épidémiologique indépendante autour du bassin de Lacq ». Des riverains se plaignant de nuisances olfactives appuient également cette sollicitation. La Direction générale de la santé (DGS) demande à Santé publique France d’évaluer l’opportunité de la mise en place d’une surveillance épidémiologique autour du bassin de Lacq.
Ce rapport présente les résultats de la première étude portant sur l’analyse du contexte local. Elle vise à « identifier les perceptions, les interrogations et attentes de différents acteurs locaux à l’égard des liens entre santé et environnement autour du site industriel ». L’agence nationale de santé publique s’est notamment appuyée sur 39 entretiens semi-directifs réalisés par l’institut de sondage Ifop auprès des parties prenantes : représentants d’administrations de l’État, élus locaux, acteurs industriels, représentants syndicaux de salariés, professionnels de santé, , associations de défense de l’environnement et de la santé, riverains et sur certains résultats du programme Acter (Accompagner les changements vers des territoires résilients) associant le CNRS et l’université de Pau.
L’axe santé-environnement apparaît comme une préoccupation croissante avec des niveaux d’inquiétude variables selon les acteurs interrogés. Les résultats des études épidémiologiques sont attendus, même si l’absence de conclusion causale est anticipée du fait de limites méthodologiques (multifactorialité, effets cocktails). Une transparence sur les méthodes et les conditions de réalisation des études épidémiologiques est particulièrement attendue, compte tenu des soupçons de collusion entre les acteurs publics qui les portent (Agence), l’État et l’industrie. Une meilleure information des professionnels de santé locaux autour des polluants et de leur impact sur la santé a été également demandée. Enfin une évaluation de la fréquence de certains symptômes ou pathologies ne figurant pas nécessairement dans les bases de données utilisées par les épidémiologistes a été plébiscitée. Une étude de santé déclarée sera envisagée prochainement pour tenter d’y répondre.