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Le saviez-vous ? L’herbe de la pampa est désormais interdite en France

Publié le 06 Décembre 2024
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Herbe de la pampa : un arrêté la classe parmi les espèces exotiques envahissantes @ CEN NA

De son vrai nom Cortaderia selloana, doux, aériens, ses plumeaux sont les incontournables d’une décoration bohème-chic. Et pourtant, cela fait plus d’un an qu’un arrêté la classe parmi les espèces exotiques envahissantes. La vente, la possession et le transport sont prohibés, mais tout le monde ne le sait pas encore. Explication avec Annabelle Thierry, chargée de mission au Conservatoire des espaces naturels de Nouvelle Aquitaine.

Pourquoi cette plante est-elle interdite en France ?

En dehors de ses atouts décoratifs, l’herbe de la pampa est une double menace pour la biodiversité et la santé (plante allergène). Sans compter l’enjeu financier pour l’éradiquer. Avec sa floraison décalée et sa pollinisation à l’automne, elle élargit la période d’allergies pour les personnes sensibles aux graminées. On a donc un deuxième pic d’allergie dans l’année. La plante est également plus compétitrice que les espèces locales et s’adapte facilement. Elle colonise les territoires abandonnés, sur lesquels des plantes autochtones mettent plus de temps à se développer. Elle prend leur place et réduit la biodiversité. Elle abrite également des coléoptères ravageurs des cultures de maïs. C’est la raison pour laquelle ce végétal est désormais interdit sur tout le territoire national. Le 2 mars 2023, un avenant à l’arrêté ministériel du 14 février 2018, a ainsi ajouté la Cortarderia Selloana à la liste des plantes exotiques envahissantes autour desquelles toute activité est interdite.

Comment se développe-t-elle ?

Les zones les plus envahies en Nouvelle-Aquitaine sont la côte basque et le sud des Landes. Sur le littoral, au bord des autoroutes et des voies ferrées, dans les parcs publics et les jardins des particuliers, elle s’adapte au substrat salé et se propage. Sa présence est croissante. C’est une plante très germinative. Un plumeau produit des milliers de graines, et un pied contenant plusieurs plumeaux peut produire des millions de graines qui peuvent chacune donner une plante.

Comment l’éradiquer ?

Nous sommes associés au projet de lutte de l’arc atlantique LIFE Coop Cortaderia. Ce programme a été initié par l’Espagne et le Portugal. Ils ont identifié la nécessité de mettre en place une stratégie à grande échelle intitulée « Stratégie transnationale de lutte contre Cortaderia dans l’arc atlantique. » Cette stratégie se base sur une action « de l’extérieur vers l’intérieur » c’est-à-dire que la priorité est mise sur la détection et l’éradication des pieds isolés et localisés dans les secteurs les plus périphériques afin de lutter contre l’installation durable de l’espèce et son expansion à de nouveaux territoires. Il est impératif que les terrains traités soient restaurés rapidement par une re-égétalisation d’espèces locales. Quant aux plumeaux, qui portent l’appareil reproducteur, une fois coupés, encore faut-il s’en débarrasser correctement : le compostage des inflorescences (plumeaux) est à proscrire pour les particuliers car un des facteurs techniques exige notamment des températures élevées pour inhiber la germination des graines.

Comment mobiliser les communes et les particuliers ?

En collaboration avec l’Office Français de la biodiversité, le MNHN ( Muséum National d’Histoire Naturel), PatriNat (centre d’expertise et de données sur le patrimoine naturel) et NOE association, nous invitons chacun à géolocaliser les plantes en les photographiant et en se rendant sur l’application INPN Espèces. Le Conservatoire des espaces naturels de Nouvelle-Aquitaine a également lancé l’opération «3 semaines pour agir» où en effet, nous invitons les habitants à couper les plumeaux sous 3 semaines après leur apparition et à contacter la déchetterie locale pour connaître le mode de gestion localement. Le tout-venant étant la solution la plus fréquente lorsqu’il n’y a pas de gestion spécifique. On explique la démarche : quand les couper et où les placer. Pour éviter toute lutte vaine, il n’est pas question de les mélanger aux déchets verts car les graines d’herbe de la pampa ne seraient qu’en dormance et non détruites sans la garantie de conditions de compostage bien précises. Nous nous tenons à disposition des communes, professionnels, gestionnaire de route pour les accompagner. A terme, nous souhaiterions que l’herbe de la pampa fasse partie, comme l’ambroisie, des plantes qui déclenchent les mêmes protocoles pour avoir des plans d’actions de prévention et des outils…

Site du Conservatoire des espaces naturels Nouvelle Aquitaine

Site du projet Life Coop Cortaderia

Application INPN Espèces sur le site de Noe

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