Dans le cadre de sa stratégie de résilience, le département de la Gironde a engagé une démarche de requalification de cours de ses collèges existants : trois établissements ont été retenus en 2022 pour l’expérimenter et sont en cours de travaux. Ce projet pilote a été l’occasion de repenser tous les curseurs de manière participative et de réinventer ces espaces où se nouent des moments essentiels pour les enfants et les adolescents. Adieu le bitume, vive les cours plus vertes, plus mixtes, plus fraîches…
Une cour de collège ? Lieu de vie quotidien pour les élèves, largement asphaltée, corsetée par le risque 0, la surveillance et les questions d’entretien et d’hygiène : ces carrés de bitume qui semblaient immuables sont en passe de se transformer pour devenir de véritables vecteurs d’amélioration de la qualité de vie scolaire des collégiens. Le département s’attaque aux cours de récréation pour qu’elles deviennent des espaces de détente et d’épanouissement.
« Il ne s’agit pas simplement de planter des arbres dans des cours existantes » précise Alexandre Humbert, paysagiste au service environnement, « il s’agit de s’engager sur de nouvelles formes de composition et de requalification des cours en réponse à différents enjeux : mixité, inclusion, bien-être, paysage… ».
La démarche a été lancée en 2021, en s’interrogeant sur les documents contractuels utilisés pour des opérations de travaux. « Nous avons souhaité aller plus loin en répondant à des besoins sociétaux contemporains avec plus de « nature » et d’intégration du vivant dans nos espaces de vie. Nous avions besoin de faire évoluer nos pratiques, vers plus d’interdisciplinarité, avec une approche participative. Nous avons procédé à un état des lieux, un diagnostic des usages (où on joue, où on se repose…) puis nous nous sommes interrogés sur la manière de procéder et de réinventer des solutions pour l’ensemble des enjeux : bioclimatiques (rafraîchissement, biodiversité), sols (désimperméabiliser), mobilier (diversité d’assises), couleurs utilisées (claires, sols graphiques)… » ajoute Magali Guéraud, chargée de mission à la Direction des Collèges.
Dans une démarche de co-construction, collégiens, communauté éducative, y compris agents départementaux œuvrant quotidiennement dans les collèges ont été consultés pour parler de leurs contraintes et leurs envies dans trois collèges pilotes représentatifs du département : le collège Francisco Goya à Bordeaux (hypercentre), Albert Camus à Eysines (périurbain) et Anatole France à Cadillac (rural).
« L’approche est nouvelle pour nous, mais c’est un gage de qualité. La clé, c’est le bien-être des collégiens, la présence du végétal y participe avec la nature au centre. Nous avons été accompagnés par des agences qui avaient cette compétence de démarche participative. Suite à ces ateliers de recueil de la parole des usagers, les paysagistes ont présenté des esquisses ouvertes au vote » ajoute Magali Guéraud.
En filigrane, la santé-environnement est également au cœur des préoccupations. « Nous réfléchissions aux revêtements, aux différentes espèces, en évitant celles à haut degrés d’allergies, en favorisant l’apaisement des usagers au contact avec un environnement végétalisé (phytoncide), en prenant en compte les contraintes climatiques, nous avons été formés à l’outil score ICU (Ilot de Chaleur Urbain). On retrouve des interactions en lien avec la santé dans tous les grands objectifs, » précise Alexandre Humbert.