Des furets pour chasser les rats : la méthode est ancestrale et vient d’être réhabilitée à la Rochelle afin de diminuer les raticides. C’est dans des enrochements en front de mer, des espaces verts urbains à proximité de lieu de restauration, et des jardins familiaux qu’on eu lieu les premières expérimentations. Explication de ces succès avec Mathieu Planchenault, Technicien santé environnement au sein de la Direction santé publique de la ville de La Rochelle.
Dans quel contexte avez-vous mené ces expérimentations ?
Depuis 2017, la ville de La Rochelle a engagé une stratégie de lutte intégrée des « animaux indésirables » tels que les rats (surmulots) et les pigeons domestiques. A l’époque, notre approche était conventionnelle avec l’usage de biocides. En 2018, nous avons stoppé la distribution au grand public avec une volonté naissante de réduire l’usage des biocides qui sont néfastes pour l’environnement et la santé (qualité des eaux, pollution des sols, impacts sur la chaine alimentaire…), dans une même logique que la démarche 0 phyto. Les évolutions réglementaires récentes en matière d’usage des biocides (certi biocide obligatoire) nous ont conforté pour privilégier des techniques de dératisation dites alternatives.
Quelles sont ces techniques ?
En premier lieu, il ne faut pas oublier que la présence de rongeurs, que ce soit en ville ou en campagne, est tout à fait normale. Les rats notamment ont un rôle de nettoyage de l’espace public et de curage des réseaux souterrains. Ils sont parfois un bio-indicateur de nos incivilités. Leur présence est souvent associée à des dépôts sauvages d’ordures ménagères, ou à des jets de nourritures sur l’espace public ou privé. 80% des résultats sur la maitrise des animaux indésirables en ville sont obtenus grâce à la mise en œuvre d’actions de prévention. Leur couper les vivres est le levier principal. Les insécuriser, leur faire peur en modifiant leurs habitudes, et pratiquer le piégeage pour maintenir un niveau de pression sur les colonies, peut s’avérer efficace et rendre hostile le milieu aux rongeurs. L’utilisation du furet, qui bénéficie d’un capital sympathie auprès des citoyens, nous a permis de communiquer sur la présence du rat, et d’améliorer des connaissances sur l’écologie des colonies de rats Rochelais.
En quoi le furet est utile ?
Ce sont de redoutables prédateurs ! Nous avons travaillé avec la société Ratilla qui sélectionne des furettes à pelage blanc (afin de mieux les voir la nuit, sur la terre, et dans les buissons) pour leur comportement de chasse. Basée dans l’Ain, la société les utilise en équipe avec des chiens terriers qui reniflent et pistent le rat. Ensuite, c’est au tour du furet d’intervenir : il se faufile dans le terrier afin de déloger le rongeur, que le chien tuera ensuite ou que l’on attrapera avec des filets. Ainsi, nous obtenons des informations précises sur le niveau d’infestation (sexe des rats capturés, âge, poids, état de santé, résistance aux biocides, …) alors qu’avec des biocides, nous n’avons aucune indication. Ils travaillent avec une brigade d’une dizaine à une vingtaine de furets sur quelques jours. Cela attire également le regard du citoyen que nous pouvons ainsi sensibiliser aux bons gestes de prévention pour éviter l’installation et le développement de rongeurs. Notre véritable enjeu, c’est bien ce réflexe d’usage massif de raticide par le grand public qu’il s’agit de réduire (« le remède est souvent pire que le mal », et mal employé faute de technicité suffisante). La tapette en bois est une alternative, moins couteuse (3€ l’unité), et souvent plus efficace, moyennant quelques conseils d’utilisation. En outre, un furet coute 50 euros et vit 5 à 6 ans. S’il est manipulé très tôt et élevé pour la chasse aux rats, il peut faire parti de la genèse d’un projet de jardin partagé par exemple.