Il fait la une des journaux : après le chikungunya et la dengue, voici le zika, décrété « urgence mondiale » par l’Organisation Mondiale de la Santé. Mais que sait-on réellement de ce nouveau virus ? Doit-on craindre son arrivée en France ? Comment peut-on le contracter et quelles sont ses conséquences sanitaires ? Pour dénouer le vrai du faux, Martine Vivier-Darrigol, responsable de la Cellule de Veille, d’Alerte et de Gestion Sanitaire de l’Agence Régionale de Santé Aquitaine Limousin Poitou-Charentes fait le point.
Où se développe le virus zika et comment ?
L’épidémie a démarré au Brésil et s’est étendue aujourd’hui sur la Martinique, la Guyane et la Guadeloupe. A l’image de la dengue et du chikungunya, le virus zika « utilise » les moustiques comme vecteur de propagation. Le moustique se contamine en prélevant le virus dans le sang d’une personne infectée. Celui-ci se multiplie ensuite dans le moustique, qui pourrait, à l’occasion d’une autre piqûre, transmettre le virus à une nouvelle personne. Il y a également un doute autour des transmissions après des rapports sexuels, qui font l’objet d’études pour infirmer ou confirmer cette possibilité de transmission interhumaine. En revanche, la transmission placentaire a été confirmée, celle-ci pouvant entraîner des anomalies fœtales majeures.
Le virus zika peut-il arriver en France métropolitaine ?
Des moustiques du genre Aedes (Aedes albopictus), les fameux moustiques tigres, sont présents en France métropolitaine et peuvent théoriquement transmettre le virus zika, s’ils piquent des personnes porteuses du virus, durant la période d’activité des moustiques, c’est-à-dire de mai à novembre. Le risque de transmission du virus zika, même en présence de vecteurs compétents, est extrêmement faible entre novembre et mai, car nous ne sommes pas dans la période d’activité de ce genre de moustique. L’an dernier, sa présence a été décelée dans de nombreux départements français, dont l’ensemble des 5 départements de l’ex-Aquitaine. A terme, il n’est pas impossible que tout le territoire national soit intégralement concerné. La survenue d’une épidémie est plus probable du fait de la rencontre entre un vecteur et une personne infectée.
Comment reconnaître la maladie et quels sont les risques ?
Les symptômes ressemblent à ceux de la dengue : ils comportent de la fièvre, des éruptions cutanées, de la conjonctivite, des douleurs musculaires et articulaires, un état de malaise et des céphalées. Ces symptômes restent en général bénins et disparaissent en 2 à 7 jours. Dans 80% des cas, la maladie évolue vers une guérison spontanée et ne provoque pas de décès. L’un des principaux sujets de préoccupation concerne les femmes enceintes et il est désormais hautement probable qu’une infection par le virus zika pendant la grossesse entraîne des microcéphalies chez le nourrisson. Les risques de complication chez l’adulte par un syndrome de Guillain-Barré (maladie neurologique inflammatoire qui conduit à une paralysie) ou une myélite sont de plus en plus documentés.
Comment se protéger collectivement ?
Il n’existe pas de traitement spécifique ni de vaccin contre le zika. La meilleure façon de se protéger est tout d’abord d’éviter de se faire piquer dans des zones infestées, par des mesures individuelles de protection : appliquer des produits répulsifs, porter des vêtements de couleur claire couvrant le plus possible le corps, mettre des obstacles physiques, écrans anti-insectes, portes et fenêtres fermées, et dormir sous des moustiquaires pendant la journée. Les mesures de prévention et de lutte doivent impérativement concerner la réduction du nombre des moustiques dans l’environnement (élimination ou modification des gîtes larvaires) et favoriser la diminution des contacts entre ces insectes et l’être humain. Il est donc important de vider, de nettoyer ou de couvrir tous les contenants susceptibles de retenir l’eau, même en petite quantité, comme les seaux, les pneus ou autres contenants décoratifs, les pots de fleurs, de façon à éliminer les endroits où les moustiques peuvent se reproduire, les eaux stagnantes étant leurs lieux de prédilection. Chacun d’entre nous a une responsabilité dans la gestion de l’environnement dans lequel nous vivons.
Un dispositif sanitaire a-t-il été mis en place pour lutter contre le zika ?
Le zika vient de rentrer dans une procédure de maladie à Déclaration Obligatoire et son intégration dans le dispositif de surveillance renforcée dans le cadre du Plan anti-dissémination de la dengue et du chikungunya est probable. Ainsi, un processus de surveillance épidémiologique de la maladie en France par l’Institut National de Veille Sanitaire se met en place. Il permettra de développer rapidement des procédures de prévention et de contrôles anti vectoriels, visant à éliminer les gîtes larvaires autour des patients infectés et porteurs du virus, à l’instar de ce qui est déjà réalisé pour le chikungunya et la dengue.