Créé en 2009, le Réseau Environnement Santé (RES) est une association dont l’objectif est de mettre la santé environnementale au cœur des politiques publiques. Ce réseau regroupe des associations de professionnels de santé, de scientifiques et des adhérents individuels. Dès 2012, le RES a proposé que soit définie une Stratégie Nationale Perturbateurs Endocriniens (SNPE) afin de réduire l’exposition de la population. C’est ce qui a mené, en 2017, au lancement de la charte « Villes et territoires sans perturbateurs endocriniens » (VTSPE). Cinq ans après sa création, David Feltz, chargé de mission Réseau Environnement Santé (R.E.S) en dresse ici un bilan.
Passer du stade du constat à l’élimination des perturbateurs endocriniens de notre environnement, avec l’appui des collectivités locales : cela résume l’ambition de la charte « Villes et territoires sans perturbateurs endocriniens », lancée en 2017 par le Réseau. “Signer la charte est un engagement qui propose aux collectivités de construire et d’échanger des pratiques avec un cadre de travail très large. Elle n’est pas un label mais elle vise à stimuler et valoriser les initiatives des communes, des intercommunalités, des départements et des régions”, détaille David Feltz, chargé de mission Réseau Environnement Santé.
Aujourd’hui, sont engagées dans la démarche : quatre régions (Île-de-France, Occitanie, Centre-Val de Loire, Nouvelle-Aquitaine, et bientôt Normandie), huit départements (Tarn, Haute-Garonne, Bouches-du-Rhône, Aude, Seine-Saint-Denis, Paris, Val-de-Marne, Saône-et-Loire, bientôt Aisne et Dordogne) et près de 300 villes.
“ Un Français sur deux vit dans une collectivité locale qui a signé la charte”, annonce le chargé de mission, avant de préciser : « C’est aux collectivités de définir leurs actions. Le RES encourage les initiatives de sensibilisation ou de formation des habitants d’un territoire, des élus ou des services de l’institution en question. Les professionnels de santé, de la petite enfance, les enseignants, les professionnels du bâtiment sont concernés en premier lieu par les actions de sensibilisation mais, bien sûr, ils ne sont pas les seuls”.
En Nouvelle-Aquitaine, 12 villes ou communautés d’agglomération ont signé la charte, ce qui représente à peu près 1 millions d’habitants.
Après cinq ans, “le plaidoyer politique qui consiste à convaincre de l’importance de cette campagne reste nécessaire pour établir que les perturbateurs endocriniens, et plus largement la santé environnementale, sont des enjeux majeurs de santé publique”, souligne David Feltz. La campagne se poursuit donc avec la construction de pratiques montrant qu’il est possible, en réduisant l’exposition à ces substances, notamment les phtalates, de faire reculer les pathologies associées, à commencer par les maladies infantiles. Le RES demande en particulier au Gouvernement d’organiser une mission Flash sur le sujet « Prématurité et phtalates ». Selon le chargé de mission, « réduire la prématurité de 12% est possible en diminuant de 50% la contamination par les phtalates. En France, 7200 cas pourraient ainsi être évités ».
C’est pourquoi le RES a lancé les opérations « zéro phtalates » dans le cadre de la charte. Pour mieux sensibiliser aux risques invisibles et inodores des perturbateurs endocriniens, cette opération vise à évaluer la présence de neuf phtalates dans l’environnement quotidien de volontaires via le port pendant une semaine d’un simple bracelet en silicone. “Ces actions passent par le niveau individuel mais l’idéal est d’enclencher des changements de comportements à une échelle plus large, en y associant les partenaires comme la CPAM, les CLS, et les ARS”, conclut David Feltz.