Risques émergents

Retardateurs de flammes dans la Nivelle : une étude en cours

Publié le 06 Septembre 2024
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« Si les premiers résultats sont rassurants, d’autres campagnes d’analyses seront conduites tout au long de l’année 2024 »@ CAPB

« Vert de Rage », une émission diffusée sur la chaine Arte, a révélé la présence de retardateurs de flamme dans le bassin de la Nivelle. L’agglomération Pays Basque a rapidement réagi en lançant d’une étude en vue de mieux comprendre et rechercher l’origine de ces polluants éternels. Explications avec Caroline Sarrade, directrice littoral et milieux naturels à la Communauté d’agglomération du Pays basque (CAPB).

Si l’émission a fait couler beaucoup d’encre, la présence de ces composés chimiques n’était pas une découverte majeure pour le CAPB. Comme le précise Caroline Sarrade : «  les journalistes  se sont appuyés sur un rapport de l’Ifremer qui a mis en place un réseau de suivi de ces polluants émergents dans les mollusques. Ce rapport, qui date d’il y a 3 ans, indique des taux plus élevés dans l’estuaire de la Nivelle que dans d’autres rivières. Mais on reste à l’état de trace : les quantités révélées sont de  0,1 microgramme par litre pour l’une, qui est le seuil de détection à 0,033 pour l’autre. Les polluants détectés sont de type organophosphorés (principalement utilisés en remplacement de certains retardateurs de flammes bromés). Si les connaissances sur ces molécules sont en cours, il n’existe pas de seuil réglementaire sur ces micropolluants. Nous restons vigilants et nous souhaitons savoir pourquoi la quantité est plus importante dans nos rivières. »

L’Agglomération du Pays basque s’est donc rapprochée du Groupement d’Intérêt Scientifique (GIS) Littoral Basque et de son réseau de chercheurs au sein de l’IPREM qui regroupe notamment des spécialistes de l’université Pau et Pays de l’Adour, ainsi que du CNRS. L’Ifremer, l’Agence de l’eau Adour-Garonne et l’ARS sont également parties prenantes. Le protocole scientifique est désormais défini et les premiers prélèvements ont commencé. « Ils sont opérés sur treize points ciblés à la fois sur l’eau et dans les sédiments, de la Nivelle, la Bidassoa et la Nive, sur des points de captage d’eau potable, sur des rejets des stations d’épuration ainsi qu’aux abords de l’estuaire » détaille Caroline Sarrade. Si les premiers résultats sont rassurants, d’autres campagnes d’analyses seront conduites tout au long de l’année 2024 et à l’issue, les résultats seront publiquement diffusés.

Mais l’essentiel reste de savoir d’où proviennent ces fameuses molécules. Pour Caroline Sarrade : « vraisemblablement, aucune source particulière d’activité industrielle n’existe. Ces molécules sont présentes dans de nombreux produits du quotidien : mousses des meubles, plastiques, jouets pour enfants, etc. Ils sont utilisés pour rendre les matériaux moins inflammables. Et les stations d’épuration ne savent pas traiter ces nouveaux polluants. Un des grands chantiers sera d’imaginer des actions pour y remédier ».

Quant aux impacts sur la santé, il n’existe pas de valeur sanitaire de référence sur les effets sur la santé de ces molécules : «  on ne sait pas vraiment comment se comportent ces molécules et quelles sont les doses dangereuses. Mais ce n’est pas pour autant qu’il ne faut pas s’en préoccuper ! La prise de conscience de cet enjeu est en train de naître mais le chantier reste colossal… »

Lien vers le GIS littoral basque

Lien vers la Communauté d’agglomération du pays basque

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