A Limoges (87), l’engagement autour des achats responsables se poursuit, tiré par une volonté politique forte. La Ville s’intéresse de près aux vêtements de ses agents. Les parkas en tergal sont rangées au placard, et les agents testent une nouvelle garde robe en coton bio et polyester recyclé…plus légère, plus douce, plus saine.
Jardiniers, Atsems (Agents Territoriaux Spécialisés des Ecoles Maternelles), fossoyeurs, cuisiniers, éducateurs sportifs… les 1400 agents de la ville de Limoges vont être relookés avec des vêtements éco-responsables. L’industrie du textile est un poids lourd de la pollution. Si l’habit ne fait pas le moine, la garde robe a un impact non négligeable sur la santé et l’environnement entre la culture du coton fortement consommatrice de pesticides, engrais et produits chimiques et l’entretien des vêtements synthétiques en machine, qui relâche environ 500 000 tonnes de micro-particules de plastiques dans les océans chaque année.
Mais la ville de Limoges, « ville santé citoyenne » depuis 2015, première signataire de la charte « villes et territoires sans perturbateurs endocriniens » en 2018, première ville de Nouvelle-Aquitaine membre du réseau Ville- Santé de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) n’est pas novice en matière d’achats responsables, jouant la carte de l’exemplarité. Couches sans perturbateurs endocriniens, vaisselle en porcelaine, inox et bambou dans les crèches, produits d’entretiens 100% éco-labellisés, nettoyage vapeur, mobilier (interdiction de certaines substances comme les phtalates ou les nanomatériaux) : tous ces secteurs ont déjà été revisités au sein de la collectivité. Avec à la clé une montée en compétence des équipes à la fois dans les feuilles de route transmises aux fournisseurs (Limoges a bénéficié d’un accompagnement de l’Association 3AR pour le marché des couches) mais aussi l’acquisition d’une vision globale des enjeux, du cycle de vie et de ses impacts en termes de santé-environnement.
Pour cette nouvelle démarche, Delphine Bouty-Chollet, directrice des achats, de la logistique et de la commande publique de la collectivité, détaille : « Nous avons commencé à réfléchir au changement en intégrant des critères en termes de recyclage, de gestion de stock, de choix des matières, de durée de vie et du bien-être des agents sur leur poste de travail. Durant une année, nous avons passé en revue chaque vêtement correspondant à un métier pour trouver un équilibre entre le financier et les différents critères. Au final, nous sommes passés de 350 dotations à 50 et de 400 vêtements différents à 30, par exemple en uniformisant les couleurs (gris et noir) sur l’ensemble des métiers techniques et nous avons en revanche réintégré les coupes hommes et femmes. » Le résultat ? Plus de confort, des t-shirts et des sweats en coton bio, des pantalons en polyester recyclés, des vestes parka plus légères. Et la mise en place d’un cercle vertueux qui passe par des changements de pratique des agents. Fini la dotation systématique de vêtements en début d’année, la ville privilégie la pratique du « un vêtement donné pour un rendu » plutôt que d’attribuer une dotation globale. « Finalement, on donnera moins de vêtements au fil du temps alors qu’aujourd’hui certains agents disent en avoir plein leurs armoires… Cette démarche d’achats responsables permet surtout de réaliser des économies à long terme. C’est un investissement de 850 000 € en année 1, mais qui sera rentabilisé en trois ans du fait que l’on changera seulement les produits usés, » précise Delphine Bouty-Chollet. Les prototypes sont actuellement testés par des agents volontaires afin de s’assurer qu’ils répondent bien au cahier des charges. Prochaine étape : la ville va revoir ses cahiers des charges et ses critères de sélection des jeux et jouets, et celle d’une trousse verte pour les fournitures scolaires.