Grâce à leurs relations privilégiées avec les clients, les pharmaciens peuvent contribuer à informer et mobiliser le public, notamment sur les questions de prévention et de santé-environnement. Référencer des produits plus sains aux ingrédients non nocifs pour la santé, c’est la démarche qu’a adoptée Charlotte Certin, pharmacienne à Saintes, suite à une formation organisée par l’URPS des pharmaciens sur les perturbateurs endocriniens.
Comment tout a démarré ?
L’URPS des pharmaciens a décidé en partenariat avec l’ARS Nouvelle-Aquitaine dans le cadre de la stratégie régionale Petite Enfance, de sensibiliser l’ensemble de son réseau en 2019 sur la thématique des perturbateurs endocriniens. Nous avons été invités, ainsi que les préparateurs, à une conférence-sensibilisation de 2 heures animée par Anne Lafourcade, ingénieur chimiste de l’agence Alicse pour faire un point d’étape sur l’état des connaissances. Nous étions une vingtaine à avoir répondu présent. J’étais loin d’imaginer l’électrochoc que cela allait provoquer chez moi ! Puis vient le temps de l’action. Que faire, que mettre en place concrètement, comment transformer ces connaissances dans nos professions ?
Quelle a été la suite de cette intervention ?
Un projet a été élaboré par l’URPS des pharmaciens, en lien avec l’ARS Nouvelle-Aquitaine pour approfondir les connaissances et les applications concrètes dans notre métier. Un groupe d’une quinzaine de pharmaciens référents ont suivi de 7 à 8 réunions de travail avec Anne Lafourcade, avec un focus sur les femmes enceintes et les jeunes enfants, plus vulnérables aux molécules indésirables. Nous avons travaillé sur différents axes. Comment repérer ces molécules à risque, les différents labels, nous avons étudié les formules, les composants… bref des pistes pour réorienter et nettoyer nos gammes. Il n’y a pas de règlementation, c’est très compliqué. Cela demande de la vigilance, il faut mettre perpétuellement à jour nos connaissances. Nous avons balayé différents thèmes, le change pour les enfants, les crèmes solaires, les cosmétiques… Aujourd’hui, je suis référente/ambassadrice sur mon territoire et nous allons mettre en place un travail de réseau. Ce maillage a déjà commencé : récemment, une crèche communale m’a sollicitée pour les éclairer sur le choix d’un produit d’hygiène pour les bébés.
Qu’avez-vous changé dans votre officine ?
J’ai une pharmacie de quartier avec une clientèle fidèle et 7 salariés. Aujourd’hui, je travaille sur des produits naturels. Les grandes marques traditionnelles de pharmacie ont disparu de mes étagères. J’estime qu’ils n’ont pas forcément fait l’effort nécessaire pour être « propres » alors qu’ils avaient les moyens de réfléchir à tout ça. C’est une manière de faire pression sur eux ! J’ai trouvé d’autres alternatives, renouvelé les cosmétiques, relooké ma pharmacie dans un esprit nature, tout en bois et verre et je suis ravie de ces changements. Cette démarche a redynamisé l’équipe, les retours sont excellents. Les jeunes sont notamment plus sensibles à cette thématique et sont demandeurs d’avis éclairés.
