L’Union Régionale des Professionnels de Santé Médecins Libéraux d’Aquitaine a organisé, en partenariat avec l’Agence Régionale de Santé Aquitaine, une conférence sur les risques liés à l’exposition des femmes enceintes, des bébés et des jeunes enfants à certains facteurs environnementaux. Isabelle Farbos, de l’association Habitat Santé Environnement est intervenue, en tant qu’experte, à Bordeaux, devant une soixantaine de médecins, pédiatres, gynécologues.
« Quels sont les risques de me faire colorer les cheveux ? Quels sont les risques de mettre du vernis à ongles alors que je suis enceinte ? Quels meubles choisir pour la chambre du bébé ?… » telles sont les questions que posent les femmes enceintes ou jeunes mères dans les cabinets médicaux. Que sait-on sur le sujet ? Que conseiller ? s’interrogent les médecins devant les inquiétudes de leurs patientes, conscients qu’ils peuvent être un vecteur de prévention, sans être nécessairement à la pointe de toutes les avancées en termes de connaissance scientifique. Et pour ouvrir la conférence destinée à l’URPSMLA (voir Union régionale des professions de santé Médecins Libéraux Nouvelle-Aquitaine), Isabelle Farbos, docteur en génétique et biologie moléculaire pour l’association HSEN, a commencé par définir trois mots clés pour préserver notre santé : génétique, épigénétique et environnement. Dans l’histoire d’une science, il y a des moments et des concepts révolutionnaires. L’ épigénétique en fait partie, qui signe la fin du tout ADN, partant de l’idée que « tout n’est pas inscrit dans la « fatalité » des gènes » explique Isabelle Farbos.
L’exposome influence notre épigénome
Derrière cette phrase sibylline se cache en effet un concept porteur d’espoir en santé environnementale. Le concept d’exposome embrasse une vision multidimensionnelle de la relation entre environnement et santé. Il rappelle le rôle de l’environnement comme déterminant du bien être de l’homme et met en évidence les expositions de nature physique, chimique ou biologique. Mais pas seulement. L’environnement est vu aussi sous son angle psychosocial. Des individus maltraités pendant leur enfance ont par exemple un profil de méthylation de l’ADN différent de celui d’autres individus. Conditions de vies, stress, nutrition, « tous les environnements ont une traduction moléculaire » que l’on commence aujourd’hui à savoir mesurer souligne Isabelle Farbos. Cette nouvelle science jette donc bel et bien le soupçon sur l’environnement, qui pourrait moduler l’activité de certains de nos gènes pour modifier nos phénotypes, voire induire certaines maladies qui pourraient être aussi transmises à la descendance. Ainsi pendant la grossesse, le fœtus peut emmagasiner des modifications épigénétiques du fait de son environnement lors de son développement, qui pourront accroître le risque que la personne, une fois adulte, souffre d’une pathologie. La recherche dans cet axe là est sans doute l’un des beaux défis de santé publique à venir.
Les médecins, vecteurs de prévention
Mais d’ores et déjà, on sait qu’il va falloir délivrer de plus en plus de messages de prévention. Les jeunes mères ont bel et bien raison de se poser toutes ces questions. Pour conclure, Isabelle Farbos a donné quelques pistes en notion de santé environnementale, les environnements à éviter, les molécules indésirables que l’on peut bannir grâce à des gestes simples : nettoyage sain, cartable sain, matériaux peu émissifs, aménagement de la chambre de bébé, cosmétiques sans perturbateurs endocriniens doudou sain, labels fiables… A présent, de nombreuses alternatives existent.