Risques émergents

Des oiseaux sentinelles pour évaluer la pollution plastique des océans

Publié le 31 Mai 2024
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"Lorsque ces oiseaux ingèrent des microparticules de plastique, ils peuvent éprouver une sensation de satiété. Ils arrêtent alors de se nourrir et meurent » Guillaume Le Hétet

Des études sont en cours pour évaluer et réduire l’impact de la pollution plastique sur les oiseaux marins du Golfe de Gascogne. Des fous de Bassan et des guillemots, une espèce de la famille des pingouins, sont examinés par le laboratoire « Littoral Environnement et Société » (LIENSs) de l’université de La Rochelle afin de mieux comprendre la menace de la pollution plastique et ses origines.

Coordonné par la LPO, le projet SeaBiL œuvre depuis 2021 pour mesurer l’étendue de la contamination des volatiles du Portugal au golfe de Gascogne. « Les principaux effets de cette pollution sont l’étranglement, et parfois même la mort des oiseaux. Lorsque ces oiseaux ingèrent des microparticules de plastique, ils peuvent éprouver une sensation de satiété. Ils arrêtent alors de se nourrir et meurent, » précise Guillaume Le Hétet, coordinateur de projet SeaBiL à la LPO. Avant d’ajouter : « l’objectif est d’identifier les oiseaux marins les plus impactés par cette pollution. Il s’agit de désigner une espèce témoin et d’identifier l’origine de ces plastiques pour les réduire à la source ».

Cette année, deux espèces « thermomètres » sont particulièrement représentées parmi les sujets retrouvés sur les plages : le fou de Bassan, le plus gros oiseau marin d’Europe, et le guillemot. Côté plastique, les chercheurs tenteront d’établir le type de matière ingérée par l’oiseau, de quel type d’industrie est-il issu ? « Aujourd’hui, 80 % des déchets plastiques viennent des terres. Ils se retrouvent dans l’océan via le cycle de l’eau »,  explique Guillaume Le Hétet.

Pour collecter ces cadavres d’oiseaux et ainsi comprendre les facteurs de risque auxquels ils sont exposés, la LPO travaille en collaboration avec un réseau d’associations et de bénévoles, de la Bretagne au Pays Basque. Les carcasses trouvées sur les plages sont récupérées et transférées à des centres de soin qui les envoient ensuite aux laboratoires de l’université de La Rochelle.

« On va considérer qu’on a un bon état écologique si moins de 10% des oiseaux analysés ont moins de 0,1 gramme de plastique dans l’estomac. Le projet met en place cette mécanique de suivi. Les analyses réalisées sur les oiseaux apportent un éclairage sur le niveau de pollution du milieu marine et sur les conséquences sur les êtres humains. On considère aujourd’hui qu’un être humain ingère l’équivalent d’une carte bancaire de plastique par semaine ! Les poissons vont avaler du plastique, et nous allons les consommer. Aujourd’hui, on retrouve aussi du plastique dans le sel de table ou dans la bière par exemple. Ils sont omniprésents dans la chaine alimentaire avec des risques potentiels pour la santé humaine même si l’on ignore concrètement les impacts, » détaille Guillaume Le Hétet.

Plusieurs actions ont été développés dans le cadre du LIFE SeaBiL, dont le développement d’une application de suivi citoyen permettant d’enregistrer la découverte d’oiseaux marins en mauvais état ou morts sur les côtes, des actions de sensibilisation grand public, un plan d’action et un guide.

« On travaille avec les acteurs locaux (communes, acteurs industriels, autorités locales) pour développer un plan d’action de réduction des déchets plastiques à la source et élaborer un guide de bonnes pratiques pour la collecte des déchets marins sur les plages dans le respect de la biodiversité. »

Le rapport des nécropsies d’oiseaux marins est attendu pour cet été, et devrait permettre ainsi d’estimer la pollution plastique en mer et sur le littoral.

Sur le site de la LPO, présentation du projet Life SeaBil

Site du projet Life Seabil

 

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