Dans le cadre du projet REMPAR (Réseau Micropolluants du Bassin d’Arcachon), porté par le Syndicat Intercommunal du Bassin d’Arcachon (Siba), des chercheurs en sciences humaines et sociales de l’Unité de Recherche ETBX d’Irstea ont mené une étude sur les pratiques de consommation et de recyclage des médicaments et des protections solaires. Explication avec Sandrine Lyser, ingénieure d’études en statistique.
Quel était l’objectif de cette étude ?
Il s’agissait pour l’Unité de recherche Environnement, territoires et infrastructures (ETBX) d’Irstea d’analyser les pratiques de consommations des médicaments et des crèmes solaires, sources avérées de micropolluants, susceptibles d’avoir des effets négatifs sur la santé humaine et sur les organismes aquatiques. Le but est d’identifier des leviers d’action pour réduire à la source cette micropollution et impulser des changements de pratiques. Dans le cadre de REMPAR (projet qui a duré 5 ans), un autre volet a permis de quantifier les micropolluants, de cartographier leurs sources et de proposer des traitements adaptés. Notre volet, particulièrement original, intègre aussi des aspects sociétaux. Cette démarche permet d’aider les élus dans leur prise de décisions sur la question. En effet, ils ont ainsi à leur disposition à la fois les données scientifiques sur la pollution due aux micropolluants, mais aussi la vision de leurs administrés.
Quel type d’enquête avez-vous menée ?
Par l’intermédiaire d’un questionnaire, les habitants et visiteurs des 10 communes du Bassin d’Arcachon ont été invités à répondre sur leurs pratiques de consommation de médicaments et de produits de protection solaire, le devenir des produits non utilisés et les relations entre la consommation de ces produits et la qualité des eaux du Bassin, ainsi que les changements de pratiques envisagés. L’enquête par questionnaire auto-administré a été réalisée pendant l’été 2016 auprès d’un échantillon de 351 personnes. Un entretien-débat a été organisé en parallèle avec différents acteurs locaux, afin de faire émerger des leviers d’action envisageables.
Que retenir des analyses et préconisations sur les crèmes solaires ?
Malgré l’émergence de nouveaux comportements dans de nombreux domaines, les intentions d’évolution des pratiques individuelles dans le domaine des produits de soin sont assez limitées. L’aspect environnemental est une préoccupation qui s’impose de plus en plus mais l’arbitrage reste encore favorable à la santé. S’il existe une conscience forte de la présence de résidus pharmaceutiques dans l’eau, c’est moins le cas pour les filtres UV. Au niveau individuel, l’éventualité des changements de pratiques est minoritairement envisagée, seuls 30 % des répondants envisagent d’évoluer dans leur consommation de protections solaires. Contrairement aux médicaments, les crèmes solaires sont en vente libre, il n’y a pas de prescription, les leviers d’action envisageables pour favoriser les changements de pratiques s’orientent plus vers des campagnes de sensibilisation tournées vers le grand public.