Les chambres pédagogiques se multiplient dans les maternités de Nouvelle-Aquitaine. Les futurs parents apprennent à y déjouer les pièges des polluants et à les limiter. A la maternité de Marmande-Tonneins, la chambre d’éducation pédagogique a été impulsée et créée par l’équipe du pôle mère-enfant, très engagée dans la santé-environnement. Explications de Bénédicte Peyraud, sage-femme coordinatrice de la maternité.
A la maternité de Marmande, ce sont environ 660 bébés qui bénéficient des nouvelles mesures soucieuses du bien-être de l’enfant et de l’environnement. Tout a commencé par une conférence d’Isabelle Farbos en 2018, missionnée par l’ARS dans le cadre de la Stratégie Régionale Petite Enfance et du PRSE, pour parler d’épigénétique et de perturbateurs endocriniens. « C’est ce qui a déclenché la démarche… cette prise de conscience. Il fallait que la maternité s’implique dans cette attention » se souvient Bénédicte Peyraud. Au cours des années suivantes, plusieurs fronts ont été menés de concert : nouvelle politique d’achat sur les savons et les cosmétiques, projet « Hors les murs » pour commencer une dynamique de réseau avec les partenaires extérieurs (PMI, crèche, municipalité, IFSI, pharmaciens…), formation des professionnels aux ateliers Nesting (à ce jour, 3 sages-femmes, 1 puéricultrice, 1 auxiliaire de puériculture), un accompagnement de l’ensemble du personnel de l’établissement vers une sensibilisation et la labellisation « Maternité saine » délivrée par HSEN en 2020.
« Cet engagement nous a fait évoluer et nous avons voulu aller au-delà avec cette chambre pédagogique, pour rendre notre démarche plus concrète », explique Bénédicte Peyraud. Après avoir obtenu l’adhésion de la direction, l’équipe s’est retroussée les manches pour reconstituer une chambre de bébé à la place de la nursery, avec le moins de polluants possible. Dans cet espace, pas de plastique, mais du bois ou de l’inox. Pas de produits boostés de chimie mais des écolabels. L’équipe a posé du parquet flottant, un trompe l’œil, repeint les murs, acheté des meubles sur le Bon Coin qu’elles ont poncés, repeints, upcyclés… Linge, produits ménagers, produits de bricolage, tout a été pensé pour décliner un environnement sain autour de bébé. Le tout sans se ruiner. La chambre est opérationnelle depuis mars 2020, elle sert également aux professionnels du C.H.I.C. pour allaiter leurs enfants pendant leur temps de travail : « malgré la pandémie, nous avons continué à sensibiliser l’ensemble du personnel à la démarche avec 3 sessions par an et à proposer un atelier Nesting par mois avec les futurs parents. Cet atelier est important. Les participants découvrent comment lire les étiquettes, repérer les produits nocifs, adopter les bonnes habitudes. Les futurs et jeunes parents sont très sollicités, alors qu’en réalité, il suffit de très peu de choses pour s’occuper d’un bébé. Nous sommes sur un territoire caractérisé par des populations vulnérables. Remettre en question des habitudes, comme par exemple l’utilisation de certains cosmétiques, synonymes de bientraitance, c’est compliqué. Nous essayons de redonner du sens à tout ça, » souligne Bénédicte Peyraud avant d’ajouter « la covid a ralenti un peu la démarche, les biocides sont revenus en force. Il faut entretenir sans cesse cette dynamique. Mais nous avons développé une culture, un réflexe au niveau du Pôle mère-enfant, il y a un élan fédérateur qui s’est constitué autour de cette thématique santé-environnement ».
