Petite enfance

Sur l’agglomération de Grand Angoulême, des paniers bio gratuits sur ordonnance pendant la grossesse

Publié le 11 Octobre 2024
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Des paniers de légumes biologiques de 5 à 6 kg vont être distribués à 100 femmes enceintes@ GrandAngoulême

Des paniers de légumes biologiques de 5 à 6 kg vont être distribués à 100 femmes enceintes, qui seront également incitées à repenser leur alimentation et leur environnement intérieur pour limiter l’exposition aux produits nocifs pour la santé. Le dispositif a été baptisé « Panier Jeunes pousses ». Rencontre avec Ludovic Rouède, responsable mission santé au sein de Grand Angoulême.

Quel est le contexte de la mise en place de ce programme ?

A l’occasion d’une rencontre du réseau des Ville-Santé de l’OMS, dont nous faisons partie, l’expérimentation « Ordonnance Verte », menée par la ville de Strasbourg a été présentée. Il s’agissait d’un dispositif de sensibilisation à la santé environnementale et d’une distribution de paniers bio pour les femmes enceintes. Cela nous a inspiré. D’autant que nous étions déjà acculturés à ces thématiques.

Nous avions par exemple invité Isabelle Farbos, d’HSEN,  pour décrypter aux élus les facteurs d’exposition et les liens entre environnement et santé et pour intégrer la composante santé-environnement dans les achats. Le spectacle « Les Parents-Thèses » de la Mutualité Française Nouvelle-Aquitaine nous avait également éclairé sur les dangers des perturbateurs endocriniens.

Notre élu s’est saisi de ce projet, et a décidé de mettre en œuvre cette politique volontariste en l’expérimentant auprès de 100 femmes enceintes. On compte 1400 naissances sur Grand Angoulême par an. C’est un projet à double impact positif : à la fois sur la santé des enfants et sur le développement du maraîchage local bio, en circuit court. C’est pourquoi ce projet est porté transversalement par les élus en charge de la santé mais également de l’agriculture-alimentation.

Comment mettre en place un tel concept ?

Deux atouts caractérisent notre territoire : un service agriculture et alimentation très dynamique et un service hospitalier à la pointe de la santé environnementale avec notamment des ateliers Nesting et une chambre pédagogique. Ces deux éléments ont facilité la mise en place du projet. Nous avons constitué un comité de pilotage, voté un budget qui s’élève à 63 000 euros pour l’année 2024 et soumis différents scénarios. Des conventions ont ensuite été signées avec les maternités du Centre hospitalier d’Angoulême et du Centre Clinical de Soyaux pour les ateliers Nesting, le réseau des producteurs Paysans Charente Bio pour les paniers et les associations Jardins d’Isis et Esprit culinaire pour les ateliers cuisines. La gestion des inscriptions, des ateliers et de l’organisation des points de distribution des paniers est prise en charge par Grand Angoulême. Lancé début juin, le dispositif accueille déjà une quarantaine de femmes. L’opération est bien relayé par les PMI et les maternités.

En quoi consiste ce programme ?

Le principe est assez simple. Sur ordonnance d’une sage-femme, d’un médecin généraliste ou d’un gynécologue,  les femmes enceintes volontaires peuvent s’inscrire dans le dispositif. La modique somme de 20€ est demandée lors de l’inscription. Les futures mamans recevront chaque semaine un panier d’une valeur de 22 euros, pendant six mois. Ces paniers seront offerts à deux conditions : assister à un atelier Nesting à l’hôpital et à un atelier cuisine pour valoriser ces paniers qui peuvent parfois dérouter avec des légumes inhabituels. En effet, dans chaque panier, on retrouve des idées recettes mais cela n’est parfois pas suffisant pour repenser le contenu de son assiette. Quant aux ateliers Nesting, ils décryptent l’ensemble des polluants que l’on peut retrouver dans notre quotidien.

Quel est l’objectif du dispositif ?

Si l’aboutissement, c’est la gratuité des paniers bios, le cœur du dispositif est d’inciter les femmes à participer à un atelier Nesting pour mieux comprendre les enjeux et savoir comment agir. Ces ateliers  ne sont investis que par 10% des femmes enceintes qui sont pour la plupart déjà sensibilisées à ces questions. L’idée est de toucher un public plus éloigné et de multiplier les messages.

L’accès à l’alimentation bio est freiné par les inégalités sociales alors que c’est une clé essentielle pour se protéger des perturbateurs endocriniens, notamment pendant la grossesse.  Sensibiliser pour susciter des choix éclairés, c’est tout l’enjeu des ateliers dispensés. Une évaluation est prévue en fin d’année.

Plus d’informations sur le site de Grand Angoulême

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