Des jouets sains, une nourriture bio, des matériaux adaptés… en Charente Maritime, les crèches ont commencé leur traque aux polluants intérieur en 2020. Pas à pas, comme le préconise la méthode Safe-li créée par Anne Lafourcade, ingénieure en chimie et fondatrice de l’agence Alicse, spécialisée en santé environnementale. Les accompagnements sont désormais terminés. Se pose aujourd’hui la question de la continuité. Comment animer une communauté à l’échelle d’un département, essaimer, fédérer un réseau autour du partage des pratiques… ?
Anne Lafourcade a été missionnée par l’ARS Nouvelle-Aquitaine dans le cadre de la Stratégie Régionale petite enfance pour aider les agents qui travaillent auprès des tout-petits à limiter l’exposition aux perturbateurs endocriniens, ces molécules chimiques qui peuvent nuire à la santé. La Charente Maritime s’est révélée l’un des départements les plus dynamiques. Plusieurs actions pilotes y ont été menées : des audits dans des crèches de La Rochelle et de Jonzac, un programme dédié aux crèches associatives de l’Association des Collectifs d’Enfants-Parents Professionnels de Charente-Maritime (ACEPP 17), un accompagnement à la construction d’une crèche exemplaire sur l’île d’Oléron. La ville de Saintes est au centre de ce dispositif, étant la ville référente « SAFE-LI » du département.
Afin de consolider la mise en œuvre de cette stratégie dans les établissements d’accueil du jeune enfant (EAJE), la PMI 17, en collaboration avec la DD 17 de l’ARS Nouvelle-Aquitaine, a proposé aux professionnels de la petite enfance une demi-journée de connaissance et d’essaimage des pratiques. Cette première réunion du 25 mai a rassemblé 70 personnes, ce qui représente environ la moitié des 111 crèches départementales. Un succès qui en dit long sur l’engouement de ces nouvelles démarches.
Pour le docteur Clotilde Morineaud, médecin départemental, chef du service de la PMI 17, la santé-environnement est un formidable levier pour réinterroger les pratiques, prendre le temps de travailler en équipe et améliorer également les conditions de travail et l’engagement collectif : « nous avons accompagné une dynamique qui est partie du terrain, tout en étant partie prenante. Ce sont clairement les crèches qui se sont positionnées sur le sujet. La maternité de La Rochelle était également présente. C’est bien qu’un établissement de santé prenne ce virage. Cela souligne que l’on peut être acteur du changement quel que soit la taille de l’établissement. L’idée, c’est effectivement de créer un réseau qui puisse s’entraider, échanger et faire en sorte que les autres s’emparent du sujet. Suite à des visites dans les EAJE, il a été évident pour le service de PMI de proposer cette démarche santé-environnementale car les professionnels de ces établissements sont demandeurs de moyens d’amélioration du quotidien de l’accueil du tout-petit, mais ne savent pas toujours comment faire et n’ont pas forcément les bons interlocuteurs.»
La rencontre était divisée en plusieurs séquences, faisant une large part aux retours d’expérience. Pour le docteur Clotilde Morineaud, « Cette demi-journée a permis aux EAJE présents d’identifier des partenaires et des personnes référentes sur ce sujet, réseau de santé-environnementale dans les lieux d’accueils du jeune enfant, actif et à disposition des professionnels de la petite enfance. L’important, c’est de faire comprendre à tous que l’on peut commencer petit. En choisissant une porte d’entrée. Certaines ont commencé avec les produits de nettoyage, d’autres les jouets pour progresser petit à petit sur l’ensemble des éléments. On peut embarquer son équipe assez rapidement et facilement car la thématique suscite l’engouement. Cette première réunion avait pour objectif d’apporter des connaissances, de prendre un temps de recul sur ces pratiques, partager son engagement, son enthousiasme, ses questionnements. Un des enjeux forts, c’est la formation des professionnels de la petite enfance qui n’est pas encore présente en initial. »
Côté ARS, pour Laurent Flament, directeur de la Délégation Départementale 17, proposer une journée de retour d’expérience « est une bonne formule, cela permet de stimuler ceux qui ont investi ce champ de la santé-environnement. Nous avons des leviers comme les CLS, les maternités, les PMI, qui permettent de diffuser ce sujet. A la rentrée 2023, nous accompagnerons l’Éducation Nationale pour développer chez les enfants, de la maternelle au lycée, des CPS, dont la santé-environnement fait partie. Tout cela est complémentaire et permettra le déploiement de ces notions à chaque étape de la vie ».
Le site internet recocrèche est disponible depuis le mois de janvier 2023 :