Si choisir des couches sans perturbateurs endocriniens ni pesticides est une gageure pour les parents, il en va de même pour les maternités. Certaines s’orientent vers des options moins toxiques pour les bébés, d’autres font le pari des couches lavables. Entre nouvelles organisations et réécriture de marchés publics : témoignages de quelques unes de ces maternités qui ont sauté le pas en Nouvelle-Aquitaine.
La maternité de La Rochelle et celle de Rochefort (Charente-Maritime) ont officialisé en janvier 2019 un nouveau marché pour des couches intégralement fabriquées en France, en tête de classement en termes de performances et de composition, sans aucun parfum, lotion, latex, dérivés de pétrole, paraffine ou autre additif chimique. Les maternités d’Angoulême (Charente) et de Guéret (Creuse) se lancent quant à elles dans les couches lavables. Si, aujourd’hui, la question des couches pour nouveau-nés est sous le feu de l’actualité avec la révélation de traces de produits potentiellement toxiques, le changement n’est pas si simple à l’échelle d’une maternité. « Nous étions accompagnés par l’agence Primum non Nocere dans le cadre de la Stratégie Régionale Petite Enfance de l’Agence Régionale de Santé Nouvelle-Aquitaine et nous avions déjà réfléchi à plusieurs sujets de santé-environnement. Nous avons décidé de lancer le coup d’envoi en faisant passer un message fort et significatif avec les couches. Il a fallu construire un cahier des charges en s’initiant à un vocabulaire jusqu’alors inconnu, lancer un appel d’offre avec plusieurs lots pour les différents services, changer la mentalité des soignants… C’est finalement en lisant l’enquête du magazine 60 millions de consommateurs sur la classification des couches, que nous avons découvert Joone, en haut du classement 2018, avec qui nous avons finalement négocié » explique Anne-Lise Ronnat, sage-femme coordinatrice au sein du pôle mère-enfant de La Rochelle.
Du côté d’Angoulême, les couches biologiques n’étant pas jugées complètement satisfaisantes sur le plan toxicologique, l’équipe a décidé de convertir la maternité aux couches lavables, composées d’une culotte à enfiler, d’un absorbant en coton ainsi que d’un voile ; l’absorbant en coton étant lavable et le voile jeté après chaque utilisation de la couche. « Nous sommes en train de préparer toutes les nouvelles procédures d’hygiène et de traçabilité pour 2020, de former l’équipe pour convaincre les parents, trouver les arguments, notamment pratiques et financiers. Car si les coûts sont élevés au départ, il faut savoir que 3 ans de couches jetables, c’est un budget de 1400€, contre seulement 600€ pour des couches lavables, plus rentables sur le long terme. C’est un argument important car sur notre territoire de nombreux parents sont en situation de précarité. Une vidéo financée par l’ARS, avec des tutos pour expliquer aux parents le fonctionnement de ces couches va être diffusée au sein de la maternité. Cette année, nous avons testé auprès des parents 20 couches lavables, fabriquées par la Régie Urbaine d’Angoulême, une association d’insertion, lavées en interne dans la lingerie de la maternité. Ce qui peut freiner la décision, c’est d’abord le surcoût engendré par le recours aux couches lavables à l’échelle d’une maternité. L’ARS ainsi que Calitom, le syndicat des déchets, ont choisi de soutenir cet effort financier » souligne Dominique Licaud, coordinatrice en maïeutique à la maternité d’Angoulême.
A l’éco-maternité de Guéret, les couches lavables arriveront également en 2020 mais pas sur la totalité ; le marché des couches jetables restera pour partie renouvelé selon des critères de qualité tenant compte des contraintes budgétaires des familles, « pour laisser le choix aux parents ». Ici, l’optique est d’offrir aux parents la possibilité de prolonger l’expérimentation une fois rentrés à la maison. « Dans l’idéal, nous aimerions faire bénéficier aux parents d’une prestation de couches lavables qui seraient entretenues par une blanchisserie et nous souhaiterions que cette prestation soit transposable à l’identique dès le retour à la maison. Ce dispositif nécessite un travail et un soutien des partenaires locaux (communautés d’agglomération, agglomération, blanchisserie…) qui seraient également gagnants dans cette démarche, » explique Virginie Layadi, ingénieure qualité en développement durable. La petite révolution des couches est en marche et essaime. Pour preuve, « nous sommes de plus en plus sollicitées pour répondre aux interrogations des autres maternités » se réjouit Dominique Licaud.
www.ch-gueret.fr/content/
www.ch-angouleme.fr/Espace-professionnel-de-sante/Activites-medicales/Pole-Femme-Mere-Enfant
www.ch-larochelle.fr/maternite
www.joone.fr
www.60millions-mag.com/
www.nouvelle-aquitaine.ars.sante.fr/strategie-regionale-en-sante-environnementale-autour-de-la-petite-enfance