Petite enfance

Châtellerault : une chambre des erreurs pour accompagner les futurs parents

Publié le 14 Mars 2025
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La chambre pédagogique est destinée à aider les parents dans le choix des produits et matériaux les plus sains pour la santé de leur bébé et de toute la famille@ CHU de Poitiers

Meubles, linge, produits ménagers, cosmétiques, bricolage… tout est passé au crible lors des ateliers Nesting proposés 2 fois par mois à la maternité de l’hôpital de Châtellerault (CHU de Poitiers). Ouverte depuis janvier 2024 pour encourager les futurs parents à limiter les sources de polluants à la maison, la chambre pédagogique accueille environ 120 futurs parents par an. Explications avec Emmanuelle Paul, sage-femme coordinatrice cadre de l’hôpital châtelleraudais.

Comment l’aventure a commencé ?

Nous souhaitions diversifier le volet santé-environnement au sein de la maternité, engagée dans cette démarche depuis 2019. Une pièce sans usage existait dans nos locaux, au bout d’un couloir. Nous l’avons investie avec des meubles de récup, que le personnel a donné. Au sein de notre maternité, quatre professionnelles (sage-femme et auxiliaire de puériculture) ont été formées par WECF pour animer ces ateliers Nesting. Nous proposons ces ateliers 2 fois par mois en binôme pour sensibiliser notamment sur l’exposition aux substances chimiques contenues dans les objets et les produits du quotidien qui entourent le bébé et ses parents.

En quoi est ce un atout ?

C’est une sensibilisation par la mise en situation. Pendant deux heures les parents ou futurs parents sont plongés dans l’environnement de l’enfant. La chambre pédagogique a été pensée avec des points et des espaces clés : le change, le lit, l’espace hygiène, le coin jeu, la cuisine, la salle de bain avec les objets associés ( doudou, vaisselle…). Cela permet de se projeter dans le quotidien, de visualiser et de se poser les bonnes questions.

Nous l’avons conçue comme une chambre des erreurs. Les parents ont pour mission de les repérer à l’aide de smiley et s’interrogent avant de les classer en vert (à recommander), jaune (à limiter) ou rouge (à éviter). Afin de les aider, les animatrices  expliquent les pictogrammes, logos et labels qu’on croise au quotidien sans forcément y prêter attention. Sans culpabiliser les parents, déjà soumis à nombre d’injonctions, parfois contradictoires et en prenant soin de montrer qu’il existe des alternatives saines et souvent bien moins chères !

Ces ateliers connaissent-ils du succès ?

L’avis des futurs parents en sortant d’un atelier est unanime et positif ! Le frein essentiel reste de les mobiliser pour qu’ils participent. Les 1 000 premiers jours sont une période de grande vulnérabilité. C’est aussi le moment où les femmes sont plus réceptives et en même temps, cela reste difficile de les faire venir. Sur 750 naissances par an, nous arrivons à mobiliser 120 futurs parents. L’atelier, gratuit, est ouvert à toute notre patientèle, nous en parlons lors des RDV de suivi de grossesse.

Nous pensons que le plus gros frein reste la question financière (c’est trop cher…), et la peur de changer ses habitudes en rajoutant des contraintes supplémentaires. Nous sommes en contact avec des publics précaires, éloignés de ces notions, avec des budgets serrés. Nous avons reformulé la communication de nos affiches en mettant l’accent sur le budget, les économies, formé les secrétaires à l’accueil pour qu’elles comprennent les enjeux et puissent être relais. Ouvrir ses fenêtres pour aérer 5 minutes, remplacer les cosmétiques par un savon solide, ou ne plus utiliser d’adoucissant pour le linge, cela ne coûte rien !

De quelle manière allez-vous poursuivre la démarche santé-environnement ?

Il s’agit de continuer à comprendre quels sont les freins et comment attirer les parents pour qu’ils participent à ces ateliers. Nous proposons les conseils de sorties dans cette chambre et nous en profitons pour distiller quelques infos qui peuvent leur donner envie de participer à un atelier. Et notre prochain projet, c’est le passage aux couches lavables, nous sommes accompagnés par l’agence Primum Non Nocere pour avancer sur ce sujet.

Plus d’info sur le site du CHU de Poitiers

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