Agriculture et design ? Voici deux mots qui sonnent comme un oxymore. Ils font pourtant l’objet d’une exposition accueillie par le Musée des arts décoratifs et du design (MADD) de Bordeaux « Paysans designers, un art du vivant ». L’exposition met à l’honneur le sol, la biodiversité et l’agriculture à travers le regard d’une nouvelle génération de paysans. Parmi les nombreuses propositions autour de cette exposition, une conférence « Comment nourrir la France sans pesticides » est organisé dans le cadre des Happy Hours à Cap Sciences à Bordeaux, le 18 novembre.
« Paysans designers, un art du vivant » l’exposition (jusqu’au 17 janvier 2022) – étonnante pour un Musée des arts décoratifs – a pour enjeu de présenter une nouvelle génération de paysans qui cherchent à nous nourrir tout en régénérant les sols et la biodiversité. L’idée de l’exposition est de mettre en avant des scénarios qu’utilisent les paysans actuels pour continuer à produire en prenant en compte les enjeux importants d’une alimentation et d’un environnement plus sain.
Un volet hors les murs est proposé pendant toute la durée de l’exposition. Des jardins, visibles dans plusieurs quartiers de Bordeaux, mais aussi dans des fermes et vignobles associés, qui prennent la forme de grandes jardinières réalisées par le designer et scénographe de l’exposition, François Bauchet.
Dix « paysans chercheurs » sont mis en avant tout au long de l’exposition pour apporter un nouveau regard. Ceux là « expérimentent de nouvelles pratiques. À la manière d’un designer, ils inventent de nouveaux processus pour produire en prenant en compte la particularité du contexte et des outils, qu’ils n’hésitent pas à réinventer pour les adapter aux spécificités locales. Ce « paysan designer » observe pour aménager ses terres et favoriser des liens vertueux pour le sol et ses cultures, » détaille t-on dans le programme de la MADD.
L’un d’entre eux, Félix Noblia, éleveur au Pays Basque (Ferme Larrous, 64), viendra débattre lors de la conférence organisée dans le cadre des « Happy Hours » de Cap Sciences. Il pratique une agriculture de conservation et de régénération des sols afin de répondre aux enjeux de stockage carbone, d’eau et de biodiversité, mais aussi de santé et de goût dans les assiettes. Il sera face à Thomas Nesmes, chercheur et professeur en agronomie à Bordeaux Sciences Agro, qui s’intéresse aux approches agroécologiques, à l’agriculture biologique et conduit des recherches sur les cycles des éléments fertilisants dans les systèmes de production biologiques, au sein du laboratoire ISPA (Interaction Sol Plante Atmosphère – Inrae / Bordeaux Sciences Agro).
De nombreuses problématiques seront posées. La majorité des aliments que nous mangeons provient d’une agriculture dépendante des pesticides. Alors que certains produits phytosanitaires menacent notre santé, détériorent les sols et participent à la disparition du vivant.
Seuls 9,5% des surfaces agricoles françaises sont en bio. Alors, le 100% bio dans nos assiettes, est-ce réalisable ? Quels modes de production et quelles cultures faudra-t-il abandonner pour y parvenir ? L’élevage fait-il partie du problème ? Et quel sera l’impact sur le réchauffement climatique et la biodiversité d’une agriculture majoritairement biologique ?
Cette conférence aura lieu à Cap Sciences à Bordeaux le 18 novembre.
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