Le projet RePP’Air – Réduction des Produits Phytosanitaires dans l’Air vise à mieux comprendre les mécanismes de transfert de produits phytosanitaires dans l’air pour intégrer cette préoccupation dans le conseil auprès des agriculteurs, en lien avec le plan Ecophyto II. En Nouvelle-Aquitaine, c’est un site en Charente qui a servi de zone d’étude. Les premiers enseignements sont disponibles.
Depuis 2016, l’association Atmo Nouvelle-Aquitaine est engagée dans un projet inter-régional portant sur la mesure des produits phytosanitaires dans l’air. RePP’Air est financé par un programme Casdar Innovation porté par les chambres d’agricultures, les associations de surveillance de la qualité de l’air, des organismes de recherche (INRAE et INERIS), ainsi que des établissements de formation agricole répartis dans chaque région. Le projet vise à améliorer les connaissances par une approche nouvelle : associer les mesures aux pratiques agricoles, apporter un indicateur de risque de transfert dans l’air performant et partager l’acquis en sensibilisant un large public, des futurs agriculteurs à l’ensemble des professionnels agricoles et au grand public.
En Nouvelle-Aquitaine, c’est un site charentais qui a été choisi, à Saint-Saturnin, qui comporte 50% de surfaces enherbées, 35% de vignes, le reste en céréales : secteur de 267 hectares sur lequel 17 exploitants ont été recensés dont 13 qui ont accepté de participer à l’enquête. Des informations ont été recueillies sur les parcelles (profondeur, matière organique…), les pratiques culturales et les descriptions du traitement (type de pulvérisateur, type de buses…), avec également un zoom sur les haies (cartographie et caractérisation). Pendant 3 campagnes de 2017 à 2019, 67 molécules ont été analysées dans l’air et mises en relation avec les pratiques agricoles sur la zone d’étude afin d’évaluer les transferts potentiels de produits phytosanitaires dans l’air. Résultats : sur les 2 groupes étudiés (Fongicides, Insecticides et Herbicides), une majorité des molécules appliquées ne sont pas retrouvées dans l’air. Pour celles qui sont retrouvées, un conseil et des pratiques impliquant de réduire les usages permettrait une baisse des transferts dans l’air. Les 12 molécules trouvées le plus fréquemment ont un profil de volatilisation, c’est-à-dire qu’elles sont retrouvées après application, par dispersion à partir du sol ou du feuillage. Le programme REPPAIR a permis la création d’un indice, IphyAir, qui évalue le risque potentiel de transfert par volatilisation d’un produit : il permet d’anticiper les risques et d’orienter les utilisateurs vers des produits dont la volatilisation est moindre.
Reste quelques molécules pour lesquelles le jeu de données du projet ne suffit pas à expliquer les mécanismes de transfert, d’où un besoin de la recherche pour préciser et proposer des solutions. « Repp’air, c’est une analyse inédite permise par le partage des données mesures/pratiques entre les associations de surveillance de la qualité de l’air, les chambres d’agriculture et la recherche agronomique » se réjouit Damien Roy, conseiller environnement à la Chambre d’agriculture de Charente, tout en soulignant l’importance de travailler ensemble. Les parties prenantes réfléchissent à une continuité en travaillant sur un projet qui s’appuierait sur de l’expérimentation et de la modélisation. En attendant, les résultats de l’enquête sont disponibles sur le site d’Atmo. Ils ont été présentés lors du webinaire du 10 décembre sur les « Actions de réduction de l’exposition aérienne des riverains et des agriculteurs aux pesticides agricoles en Nouvelle-Aquitaine ».