Dans le cadre du cycle Science et développement durable, en partenariat avec l’INSERM, la Maison écocitoyenne de Bordeaux, a proposé une conférence, le mercredi 27 avril 2016, sous forme d’émission de télévision interactive en direct et en public « Pesticides, de l’intoxication aux solutions ». Etaient invités un chercheur et un professionnel de « terrain » : Isabelle Baldi, spécialiste de la question à l’INSERM et Guillaume Tartare, paysagiste, qui a choisi la permaculture pour son projet de ferme urbaine dans la métropole bordelaise.
« Le thème est furieusement d’actualité », lance Eloi Choplin, animateur du débat, en guise d’introduction. Après l’émoi suscité par l’enquête télévisée de Cash Investigation et le récent arrêté préfectoral en Gironde qui a élargi le dispositif de prévention, suite aux problèmes d’épandage dans les vignes, « c’est l’occasion d’en débattre, sous l’angle clé de la solution » souligne l’animateur.
Définition, historique, usages, impacts sur la santé sont ensuite abordés par Isabelle Baldi, spécialiste des pesticides à l’INSERM. « La prise de conscience des effets sur l’homme date des années 1980 avec les premières cohortes (suivi des personnes exposées). Aujourd’hui, nous sommes en mesure d’affirmer certains impacts, notamment dans trois domaines pour lesquels nous avons des données consolidées : les cancers du sang, de la prostate et du cerveau ; les maladies neurologiques (Parkinson et suspicion pour Alzheimer), des troubles de la reproduction et du développement. »
En juin 2013, l’INSERM a publié une synthèse d’études basée sur trente ans de travaux épidémiologiques et toxicologiques, menés sur une population professionnelle. Tout cela est donc bien établi, alors pourquoi le sentiment d’inquiétude est-il décuplé ? « Je pense que le sujet a une résonance plus forte aujourd’hui, car si la question concernait initialement les 2 millions d’agriculteurs, elle s’est élargie aux impacts sur une population plus large », analyse Isabelle Baldi. Quant à la question des responsabilités, Isabelle Baldi a évoqué l’organisation de toute la chaîne des pesticides : « production, évaluation, distribution, agriculture et consommateurs. A chacun de ces niveaux, il existe des responsabilités mais aussi des solutions et des voies de progrès », souligne-t-elle.
Guillaume Tartare enchaîne ensuite pour expliquer son projet : 3 hectares à Pessac en permaculture, c’est-à-dire une approche systémique de l’environnement, en recréant un écosystème favorable pour éviter de traiter, avec une production destinée aux circuits courts et des animations pédagogiques pour les enfants. « L’idée n’est pas de substituer un produit à un autre mais de repenser la façon de cultiver. Autrefois, il y avait des arbres fruitiers autour de la vigne, la monoculture n’existait pas sous cette forme. On ne peut pas tout changer d’un coup, bien sûr. La permaculture, c’est un progrès possible, basé sur l’observation. Et c’est un équilibre à trouver. » conclut Guillaume Tartare.
Lien vers le visionnage de la conférence : http://maisoneco.blog.bordeaux.fr/
Synthèse Inserm : www.inserm.fr/espace-journalistes