En signant la Charte Zéro Herbicide du Conseil Départemental de la Dordogne, les collectivités désireuses de s’engager dans cette démarche, bénéficient, entre autres, d’une formation pour leurs agents. Plus de 120 communes se sont engagées depuis 2012. Retour d’expérience avec Daniel Beauvois, directeur-adjoint du pôle Paysage et Espaces Verts du Conseil Départemental de la Dordogne.
Quelle est l’origine du projet ?
La démarche est ancienne. Le Conseil Départemental de la Dordogne (voir Département de la Dordogne) s’est engagé, dès 2006, dans la mise en place d’une gestion différenciée et de techniques alternatives pour l’entretien des espaces verts. Puis nous avons étendu la réflexion aux 5000 km de réseaux routiers, pour aboutir, forts de cette expérience, à l’élaboration d’une charte Zéro herbicide, validée en 2012, en partenariat avec l’Agence de l’eau Adour Garonne et des financements européens.
De quelle manière accompagnez-vous les communes signataires de la Charte ?
Elles bénéficient, entre autres, d’une formation à destination des agents, d’un soutien technique et méthodologique, qui va bien au delà de la démarche « Certiphyto ». Il s’agit de mettre en place des solutions de substitution à l’emploi systématique des herbicides chimiques dans les espaces publics. On commence par un plan de désherbage, qui se transforme bien souvent en plan de gestion différenciée. Notre démarche ne repose pas sur du « curatif » mais sur une requalification des espaces, soit en amont des nouveaux projets d’aménagement, soit en aval où il faut déterminer les nouveaux modes d’entretien, développer la tonte et le fauchage au détriment du désherbage en augmentant à l’échelle de la commune les surfaces végétalisées. 170 agents ont été formés à ce jour. Les communes bénéficient également d’un accès intranet avec, à leur disposition, des fiches techniques ainsi que des outils de communication.
Quels sont les types de communes qui s’engagent et quelles sont leurs difficultés ?
Sur notre territoire, nombreuses sont les communes de moins de 500 habitants, avec un ou deux agents pour gérer les espaces verts. L’idée, à travers ces formations, c’est vraiment la mise en réseau, la rencontre ; qu’elles soient perçues comme un carrefour d’échange. On constate que la plupart des agents sont insuffisamment formés à ces nouveaux modes de gestion et que, grâce à l’accompagnement du Conseil Départemental, il peuvent actualiser leurs connaissances et développer de nouvelles compétences. Ils révisent des réglementations parfois oubliées, apprennent un vocabulaire, un nouveau mode de gestion. Ne pas s’approprier la démarche, c’est sans doute le principal frein ! La réaction des habitants peut également en être un. La notion de propreté, de mauvaises herbes, c’est finalement un problème culturel plus que cultural ! Nous disposons de deux outils d’accompagnement pour limiter les réactions négatives : deux expositions sur le jardinage sans pesticides, que l’on prête sur demande.
Quels sont les projets pour faire vivre cette charte ?
Nous ne sommes pas dans une course à la signature. Le réseau se met en place, nous prenons le temps de répondre à la demande. C’est vraiment une démarche globale avec la mise en place d’un réseau de compétences et de savoir-faire. Chaque année, on innove sur les méthodes. Nous avons d’abord mis l’accent sur les cimetières, ensuite ce seront les terrains de sport. Nous sommes sollicités au niveau national pour notre charte, perçue comme exemplaire, porteuse d’innovation, de vulgarisation d’une démarche : c’est motivant !