Ce petit insecte ennemi envahit progressivement les villes de la Nouvelle-Aquitaine, en remontant du sud vers le nord. Sa présence accrue induit un problème de santé publique. S’il a déjà piqué une personne malade, il peut retransmettre des maladies tropicales telles que la dengue, le chikungunya ou le zika. Comment les collectivités locales peuvent-elles lutter à l’échelle de leur territoire ? L’Agence Régionale de Santé Nouvelle-Aquitaine a missionné Graine Nouvelle-Aquitaine afin d’élaborer une enquête pour connaître les besoins des collectivités.
Le questionnaire a été adressé à l’ensemble des communes colonisées (c’est à dire aux 566 sur les 4312 communes de la région), 43% des collectivités ont répondu : un taux de réponse élevé qui traduit la préoccupation des répondants. L’enquête montre une bonne dynamique d’actions conduites par les collectivités. Les 2/3 conduisent des actions ou souhaitent le faire. Le principe de la personne référente a bien été identifié par les collectivités. Parmi ces référents « moustique tigre », plus de la moitié sont des agents des services techniques, ensuite des élus puis plus rarement le recourt à des prestataires externes.
Les actions conduites ciblent les citoyens pour dispenser les bons gestes de repérage et d’élimination des gîtes larvaires (petits contenants où l’eau peut stagner), seule action efficace pour réduire la présence des moustiques. Ces mêmes actions sont conduites par les agents municipaux sur l’espace public. En termes de connaissance, les collectivités pensent que la moitié de leurs administrés n’a pas ou peu de connaissance sur le moustique tigre et sur les moyens de lutte nécessaires.
En ce qui concerne les actions d’information générale (72% des actions), les campagnes d’e-mailing, les infos par newsletter ou par affichage public sont les vecteurs les plus fréquents. Pour les actions de sensibilisation (18% des actions), les réunions de sensibilisation, le porte à porte auprès des habitants et les flyers dans les boîtes aux lettres sont les moyens les plus utilisés. Quant aux autres dispositifs existants pour réduire la présence du moustique tigre (10%), la mise en place de pièges pondoirs est expérimentée mais les résultats restent mitigés si elle n’est pas accompagnée d’une action collective de suppression des gîtes larvaires.
Parmi les besoins identifiés par les collectivités, on retrouve à 46% des besoins d’acquérir des compétences, à 33% des besoins d’outils pour convaincre et à 21% des besoins de connaissance scientifiques. Et parmi les outils évoqués, on peut citer les outils pédagogiques et de mobilisation citoyenne, les outils de sensibilisation grand public, ou encore des formations pour les agents des collectivités et des accompagnements d’experts.
Une stratégie régionale en construction autour de la communication préventive et de l’éducation comportementale
Suite à cette enquête, qui a permis de confirmer le besoin pour les collectivités d’être outillées et accompagnées afin de mettre en place des actions concrètes, Cécile Billaud, ingénieur sanitaire au sein de l’ARS Nouvelle-Aquitaine en charge de la thématique moustique tigre, précise : « Les enjeux sont bien intégrés. Il existe déjà des outils portés par l’ARS, la mise à disposition de ressources avec des pages internet dédiées aux collectivités sur leurs missions, les outils dont un kit de communication, une check-list des bons gestes, un espace pédagogique, des fiches retex (retour d’expérience) ainsi que des éléments partagés lors de notre premier webinaire organisé en septembre avec des collectivités qui ont pu échanger de façon très riche lors d’ateliers dédiés.
Nous accompagnons les collectivités nouvellement colonisées en proposant une formation technique de premier niveau dispensée par nos opérateurs. L’objectif est de construire à terme une stratégie d’accompagnement en s’appuyant sur un vivier d’acteurs en capacité d’informer, en mobilisant les relais associatifs et communautaires et en multipliant les publics cibles (collectivités, citoyens, professions médicales, scolaires…).
En effet, l’adhésion et l’implication de chacun sont déterminantes dans la lutte contre la prolifération du moustique tigre. Une grande partie des gîtes larvaires se retrouve dans l’espace privé, dans les jardins. Le moustique tigre vit dans un rayon de 150m, supprimez ou videz régulièrement les petits récipients sur votre terrasse et dans votre jardin et passez le message à vos voisins ! » conseille, en guise de conclusion, Cécile Billaud.
L’enquête est disponible ici :
www.graine-nouvelle-aquitaine.fr
www.nouvelle-aquitaine.ars.sante.fr/moustique-tigre
www.nouvelle-aquitaine.ars.sante.fr