« Radon : changeons d’air, relevons le défi », le programme pilote mené depuis décembre 2015 dans la communauté de communes ÉLAN (Élan Limousin Avenir Nature) près de Limoges en Haute-Vienne, a publié ses premiers résultats. Une deuxième phase a suivi, qui vise à évaluer l’efficacité des actions menées auprès des 104 habitants qui ont indiqué avoir entrepris des travaux dans leur logement.
Au cours de la 1ère phase du programme (décembre 2015-juin 2016), des kits ont été distribués aux familles intéressées et domiciliées dans l’une des 17 communes concernées par le risque radon pour qu’elles effectuent les mesures dans leur habitation. Au final, 729 foyers les ont réalisées. Plus de 70 % des logements dépassent une concentration de radon supérieure à la limite fixée par l’Organisation Mondiale de la Santé (300 becquerels par mètre cube). Ce qui ne constitue pas une surprise, puisque le territoire est localisé sur des sols à potentiel radon très élevé et le parc de logement principalement constitué de bâtiments anciens (près de 90% des bâtiments construits avant 1900 dépassent 300 Bq/m3 contre moins de 50% pour les bâtiments construits après 2000). Mais un autre facteur dont il est possible de réduire l’impact est à l’origine de la situation : certaines caractéristiques pénalisantes des constructions. En effet, la proportion d’habitations construites sur dalle sur terre-plein ou cave en terre battue est élevée. Plus de 80% d’entre elles dépassent 300 Bq/m3, contre moins de 50% pour les habitations avec dalle sur vide sanitaire.
Un accompagnement des habitants
Pendant la 2ème phase (juin 2016-mars 2017), le lycée des métiers du bâtiment de Felletin et les partenaires du programme ont proposé un accompagnement personnalisé aux habitants intéressés par des travaux de remédiation. 104 habitants ont déclaré avoir mené des travaux. Par ailleurs, quatre réunions d’information, animées par des experts de l’Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire (IRSN) ont réuni plus de 300 habitants. « Il s’agissait d’une première amorce pour rassurer, comprendre la dangerosité du radon et ses impacts sur la santé, rappeler les gestes simples pour réduire sa présence (une bonne ventilation) et donner les clés pour évaluer et analyser les points défaillants et les solutions » explique Delphine Lathière, chef de projets au sein de la Communauté de communes ELAN. Le lycée des métiers du bâtiment a animé 11 ateliers pour renforcer les clés d’analyse et discuter de solutions concrètes. Ils ont rassemblé une centaine de personnes et la forte mobilisation pour cette expérimentation n’est pas le fruit du hasard : « La collectivité avait conclu un partenariat avec les médias locaux, notamment Le Populaire, à travers des hors séries pour communiquer fortement sur le radon et également via les bulletins municipaux », explique Delphine Lathière.
Identifier les solutions les plus efficaces et former les professionnels du territoire
Par ailleurs, un atelier de découverte et d’échanges autour de deux chantiers-tests de remédiation réalisés chez des particuliers a été proposé. Les professionnels du territoire étaient invités pour diffuser les bonnes pratiques. Cet événement, mis en place en association avec la Communauté de communes ELAN, le lycée des Métiers du Bâtiment de Felletin et l’entreprise NEOSFAIR, était l’occasion pour les fédérations professionnelles du bâtiment du département (CAPEB 87 et FFB 87) et des artisans locaux de découvrir et mieux appréhender deux techniques innovantes réputées comme les plus efficaces pour lutter contre la présence de radon. L’une concernait un système de dépressurisation du sol (SDS) et l’autre un système de ventilation mécanique par insufflation (VMI). La CAPEB 87 et la FFB 87 ont également été impliquées pour proposer aux artisans (menuisiers, plombiers, électriciens, maçons) un cycle de formation spécifique à la problématique du radon. Une liste des artisans compétents est disponible auprès de chaque commune.