En 2015, le Pavillon de la Mutualité – Mutualité Française Gironde et l’association CREAQ se sont associées pour travailler sur le volet santé de la précarité énergétique. Il s’agit d’accompagner des ménages en situation de précarité énergétique en leur proposant des solutions pour améliorer leur santé, au regard de la qualité du bâti et de ses usages. Ce projet innovant est une première en France. Explication avec Nathalie Duviella, chef de projet Précarité énergétique au sein du CREAQ (Centre Régional d’Eco-énergétique d’Aquitaine).
Quels sont les enjeux de ce projet ?
Des études ont établi un lien direct entre des pathologies et l’environnement intérieur. Les symptômes du mal-logement (humidité, moisissures…), associés à la précarité énergétique des occupants sont bien connus : allergies, bronchites, troubles respiratoires, bronchiolite du nourrisson. Ils touchent un nombre croissant de personnes. L’enjeu de cette « double peine » n’est plus à démontrer. C’est dans ce contexte que nous avons imaginé une action préventive, qualitative, fruit d’un partenariat d’acteurs aux compétences différents et complémentaires.
En quoi consiste concrètement l’action « Quand le logement rend malade » ?
Nous proposons un accompagnement global pour des ménages qui auront fait l’objet d’une alerte auprès du service CMEI du Pavillon de la Mutualité – Mutualité Française Gironde et auront été identifiés comme relevant de la précarité énergétique. Ces ménages se verront proposer une intervention de la Conseillère Médicale en Environnement Intérieur, dans le cadre de son activité puis une intervention du Centre Régional d’Eco-énergétique d’Aquitaine (CREAQ), dont le est but de promouvoir les principes du développement durable, les énergies renouvelables, la sobriété énergétique et l’eco-construction sur le bâti et les usages du logement. C’est un diagnostic suivi de préconisations. Ce dispositif permettra de travailler aussi bien sur la santé des occupants que sur la qualité du logement. Un suivi sera effectué 13 à 16 mois après la visite afin d’évaluer l’apport de la démarche et l’évolution de la qualité de vie et de l’état de santé du patient.
Quel est le cadre d’intervention et à quelle étape en êtes-vous ?
Entre 25 et 30 ménages vont être accompagnés sur l’ensemble des départements de l’ex-Aquitaine, (secteur rural et urbain, propriétaires et locataires). Le projet est financé par l’ADEME Aquitaine (voir ADEME Nouvelle-Aquitaine), la Fondation Abbé Pierre, la DREAL Aquitaine Limousin Poitou-Charentes et la CARSAT Aquitaine. Cette action est exploratoire : une évaluation est indispensable pour vérifier la pertinence d’un tel dispositif et pour identifier les enjeux réels liés au volet santé de la précarité énergétique sur notre territoire. Nous sommes à mi-parcours, la moitié des ménages ayant été accompagnés. Pour l’instant, il n’y a pas de tendance sur les diagnostics, nous avons constaté des problèmes de bâti plus que d’usage (humidité, moisissures), liés à des défauts structurels, d’isolation ou encore de restriction ou d’absence de chauffage.