L’Observatoire national de la Qualité de l’Air Intérieur mène actuellement une campagne de mesures des polluants de l’air intérieur visant 300 immeubles de bureaux et termine une autre campagne visant 300 écoles maternelles et élémentaires. L’occasion pour la quatrième Matinée du Jeudi de faire un point sur l’état des connaissances et les solutions sur le terrain. Cette conférence De l’espace public à l’espace privé : agir sur la qualité de l’air, organisée par l’IREPS Aquitaine et GRAINE Aquitaine, y accueillait Corinne Mandin, responsable de la Division « Expologie » à l’Observatoire de la Qualité de l’Air Intérieur (OQAI) et Olga Diarté, de l’association Les alternatives de Lilly.
Quels constats ?
Nous passons en moyenne 90% de notre temps dans des environnements clos. Or, ces lieux présentent dans certains cas des teneurs inquiétantes en particules et en gaz dans l’air. On le sait maintenant, les polluants sont plus nombreux à l’intérieur qu’à l’extérieur. L’Observatoire de la Qualité de l’Air Intérieur (OQAI) en a recensé plus de mille, répartis en trois grandes classes : agents biologiques (allergènes d’acariens, bactériens, moisissures…), agents physiques (amiante, radon, particules fines, champs électromagnétiques) et agents chimiques (monoxyde de carbone, formaldéhyde, composés organiques volatils, métaux…).
«Ils proviennent des revêtements de sol et des murs, des appareils de chauffage, des meubles et de l’air extérieur. Ils sont parfois générés par l’activité des occupants eux-mêmes, lorsqu’ils font le ménage, bricolent ou fument », constate Corinne Mandin. Du simple inconfort à des symptômes génériques, jusqu’aux maladies, leurs effets sur la santé sont très variés. L’impact sanitaire et économique a été quantifié par l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES) en 2014 : si le monoxyde de carbone est responsable chaque année d’une centaine de décès, le radon provoque de 1200 à 2900 décès par cancer par an et les coûts pour la société des expositions aux polluants dans les bâtiments sont estimés à 20 milliards d’euros par an.
L’OQAI, créé en 2001 par une convention établie entre les trois ministères en charge du Logement, de l’Ecologie et de la Santé, et avec le Centre Scientifique et Technique du Bâtiment (CSTB), l’Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie (ADEME), ainsi que l’ANSES, a produit plusieurs études. L’étude la plus complète sur la question a été menée par l’observatoire, de 2003 à 2005, dans 567 logements français, représentant 24 millions de résidences principales. Elle conclut que 10 % d’entre eux présentent des concentrations élevées pour plusieurs polluants à la fois. En ce qui concerne les écoles et les bureaux, peu de données existent à ce jour en France. Une grande campagne nationale, a été lancée en juin 2013, visant 300 écoles maternelles et élémentaires pour une durée de trois ans, ainsi qu’une campagne dans les immeubles de bureaux.
Quelles solutions ?
Alors comment agir ? Comment transférer ces informations et contribuer au changement de comportement ? Pour la deuxième partie de la conférence, Olga Diarté, référente sur la qualité de l’environnement intérieur pour l’association Les alternatives de Lilly est venue présenter des solutions d’accompagnement, pour faciliter la prise de conscience et l’action. « Les ateliers « Nesting » et Ma Maison Ma Santé, par exemple, peuvent être des outils pertinents pour sensibiliser respectivement les jeunes parents et les futurs parents à préserver la qualité de l’environnement des nouveaux-nés ou le grand public plus généralement, et lever les freins au changement », conseille Olga Diarté. Tout en rappelant que des gestes simples comme renouveler l’air de son logement et vérifier les appareils de combustion et les extracteurs d’air sont la base d’une bonne qualité de l’air intérieur.
Étude du coût socio-économique des polluants de l’intérieur :
www.anses.fr/fr/system/files/AUT-Ra-CoutAirInterieurSHS2014.pdf
www.wecf.eu/francais/projets/nesting.php