La mairie de Guéret, dans la Creuse, a lancé une expérimentation en 2019 sur le groupe scolaire Jean Macé. Fini les détergents classiques, place à l’eau, à la microfibre et à l’action mécanique. Pourquoi ce changement, quels avantages, quelles réactions ? Explications avec Céline Babeix-Joyeux, du Comité d’Hygiène, de Sécurité et des Conditions de Travail (CHSCT) de la Ville de Guéret.
« Dermatoses sur les mains, asthme sévère pour une jeune femme, entraînant un arrêt de travail… Ce sont les alertes de la médecine du travail qui sont à l’origine de cette démarche. Ces maladies étaient plus ou moins directement déclenchées ou aggravées par l’utilisation des produits d’entretien. Cela nous a interrogés, alors nous avons créé un groupe de travail en 2018 pour réfléchir à des manières de travailler plus soucieuses de l’environnement et de la santé, » explique Céline Babeix-Joyeux, du Comité d’Hygiène, de Sécurité et des Conditions de Travail (CHSCT) de la Ville de Guéret.
Un diagnostic est mis en route : « Nous nous sommes penchés sur l’état de nos placards, encombrés de produits chimiques, pour la plupart dangereux : un pour le lavage des sols, un pour le lavage des vitres, un pour les WC, un pour… il y avait au total 59 produits différents sur nos sites ! Certains nécessitaient des protections obligatoires alors que les agents ne le savaient pas. Les résultats en matière de qualité de l’air intérieur, notamment dans les écoles n’étaient pas bons. Sans compter le sentiment de manque de reconnaissance vécu par nos agents, une cinquantaine sur différents sites (écoles, musée, salle de spectacle…). Il était urgent d’apporter un nouveau regard sur tout cela. Nous avons rencontré le service hygiène de l’hôpital de Guéret, très en avance sur cette question. Avec les élus, nous avons lancé une phase de test en priorité dans les écoles. Les Agents territoriaux spécialisés des écoles maternelles, les ATSEM, étaient particulièrement engagés et intéressés par ce changement. Et nous avons travaillé sur une proposition de protocole de nettoyage,» détaille Céline Babeix-Joyeux.
C’est sur le Groupe Scolaire Jean Macé que l’expérimentation de la démarche « Mon écol’ô” » a commencé en septembre 2019. Achat de microfibres pour nettoyer à sec ou à l’eau, une autolaveuse et 2 produits fait maison avec pour seuls ingrédients du vinaigre, du bicarbonate et du savon noir : voici désormais la courte liste des produits ménagers. « Nous avons créé un service lingerie qui gère l’entretien des microfibres et la fabrication de produits pour la collectivité. Et nous avons bien sûr vérifié, par des prélèvements au niveau bactériologique, la bonne adaptation de ces produits et de nos pratiques. Les indicateurs sont au vert. Depuis la covid, nous avons adapté nos protocoles avec un produit virucide répondant à la norme NF en vigueur. »
Comme pour tout changement, le travail a également consisté à rassurer, convaincre, rappeler les grands principes, déjouer les idées reçues, notamment sur la désinfection (nettoyer oui, mais pas désinfecter tous les jours !). Résultat : « Les agents ne reviendraient pour rien au monde en arrière : le matériel est plus ergonomique, les risques de troubles musculo-squelettiques sont réduits et les allergies ont disparu. La démarche prend du temps. Il faut former, équiper et sensibiliser les équipes, » conclut Céline Babeix-Joyeux. Depuis, l’initiative a été étendue à d’autres écoles, les deux dernières suivront pour la rentrée 2021. La démarche a été récompensée par le Prix santé et mieux-être au travail de la fonction publique territoriale 2019, dans la catégorie Santé au travail et pratiques innovantes, mais aussi par le Coup de cœur des internautes.
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