La drague, un parcours semé de pièges toxiques ? C’est sur un ton décalé et décomplexé que l’association Générations Cobayes s’attaque au très sérieux problème des polluants environnementaux pour parler aux jeunes. Depuis 5 ans, l’antenne bordelaise a développé un projet d’escape-game autour de la santé-environnement pour les lycéens avec comme prétexte la drague. Rencontre avec Valérie Boisson-Zaric : cheffe de projet Eco-Drague.
Quelle est l’origine de ce projet ?
Générations Cobayes avait lancé il y a plus de 10 ans des conférences théâtralisées intitulées « Les 7 commandements de l’éco-orgasme » pour aborder avec un angle ludique et humoristique, les liens entre santé et intimité. L’idée était de créer des événements conviviaux, comme des soirées, des apéros, où l’on parlerait de perturbateurs endocriniens, de pesticides, de phtalates… En les abordant sous le prisme de la sexualité pour susciter chez les jeunes une prise de conscience et un changement d’habitudes quotidiennes. Pour sensibiliser un public plus jeune (15-18), nous avons décliné ce projet autour de l’éco-drague. En 2019, il s’agissait d’une forme un peu artisanale avec des panneaux, qui a évolué pour aboutir en 2024 à un escape-game en format numérique ou les jeunes sont invités à rentrer virtuellement dans une maison de 3 pièces ou 7 activités ( les 7 commandements) sont proposés sous formes d’énigmes à résoudre.
Quels sont les grands objectifs ?
Notre créneau, ce sont les pratiques quotidiennes : nous partons de leurs centres d’intérêt, la mode, les cosmétiques, l’alimentation, les écrans. Et notre ADN, c’est de miser sur l’humour pour sensibiliser sur les dangers sanitaires de certains produits et non pas de stigmatiser ou de jouer sur la fibre anxiogène. Nos ateliers s’inscrivent dans une pédagogie actionnelle qui permet aux apprenants d’être acteurs de leur apprentissage. Au terme de l’intervention, nous leur demandons ce qu’ils pensent mettre en place comme changement et trois mois plus tard, ce qu’ils ont changé. Cette mesure d’impact est importante, c’est l’objectif : montrer que tout cela est positif et qu’il est facile d’adopter de meilleures habitudes. Cette année, nous avons lancé des campagnes sur les réseaux tiktok et instagram pour continuer à diffuser nos messages.
Comment se déroulent vos interventions ?
Nous intervenons dans les lycées de Nouvelle-Aquitaine grâce à un financement de la Région (Appel à projet Santé-environnement). Ce sont des ateliers participatifs d’une heure et demie abordant différents enjeux de santé environnement de manière ludique. L’intervention s’organise en 3 parties. Une première partie théorique d’une quinzaine de minutes introduit le concept de santé environnement dans une approche globale One Health. L’atelier participatif d’une heure est organisé en plusieurs sous-groupes selon les pollutions que l’on peut retrouver dans 3 pièces de la maison (salle de bain : perturbateurs endocriniens et pollution textile à travers la fast-fashion ; cuisine : pesticides et additifs alimentaires ; chambre : qualité de l’air intérieur et dangers des écrans). Puis on propose un quiz final en équipe (20 à 30 min) pour vérifier que les notions sont bien comprises. Nous intervenons environ dans une dizaine de lycée par an et sensibilisons au total plus de 500 lycéens. Depuis 2020, nous intervenons en Gironde, Charente Maritime et Dordogne. Si certains établissements sont fidèles, nous interviendrons cette année dans de nouveaux établissements.
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