Après 18 ans de remplacement de collègues béarnais, Sophie Lemarchand Bader a quitté sa blouse de médecin généraliste pour s’engager dans la voie de la santé-environnementale. S’éloigner du curatif pour agir davantage en amont. Son credo : prendre le temps, enfin, pour prendre soin … autrement.
« Lorsque j’étais médecin, je débordais toujours pour discuter des habitudes de vie, éduquer à la santé. Une consultation dure 15 minutes et j’avais souvent 1 heure de retard sur mes rendez-vous ! » avoue Sophie Lemarchand Bader . Le sentiment de ne plus avoir assez de temps pour bien faire son travail gagnait du terrain. La crise sanitaire, propice à une phase d’introspection, précipite ses questionnements et sera le déclencheur d’une envie de reconversion.
Un virage pas facile à prendre, compte tenu de la pénurie de médecins sur son territoire et du lien qu’elle avait tissé au fil des ans avec les familles. « J’aimais le contact avec mes patients, le suivi des familles. Et il faut souligner que j’exerçais sur un territoire où les médecins qui partent à la retraite trouvent peu de remplaçants», précise Sophie.
En 2023, selon l’atlas de l’Ordre des médecins, 5 400 médecins ont arrêté d’exercer. Plus de la moitié de ces décrocheurs étaient généralistes. La grande majorité s’interroge : Comment puis-je continuer à prendre soin des autres ? De son côté, Sophie Lemarchand Bader s’investit dans l’association Souffle 64, développe l’axe santé-environnement et intervient dans les écoles pour sensibiliser les élèves à la qualité de l’air extérieur et intérieur : « les enfants sont de formidables vecteurs, souvent, les parents venaient me voir pour me dire que leurs enfants avaient jeté des produits ménagers avec des pictogrammes de danger…. ».
Elle reprend alors le chemin de la formation et passe un DU santé environnementale en 2022, puis la certification Nesting pour animer des ateliers santé-environnement et lance son activité en indépendante. Elle construit des conférences sur des thématiques ciblées ou bien des conférences santé-environnement qui balayent l’ensemble des thématiques tout en mettant l’accent sur des problématiques qui lui tiennent à cœur : « « L’un de mes chevaux de bataille sont les produits anti-moustiques (prises, spirales…), qui diffusent un principe actif funeste pour l’insecte, certes, mais également pour l’humain. , » annonce t-elle : « le produit est suspecté de perturber le système endocrinien, voire de donner le cancer. Son usage est hautement déconseillé en présence d’enfants, ou de femmes enceintes. C’est typiquement le genre de pollution invisible que je combats. Mais j’essaie de ne pas être trop anxiogène. Je propose toujours dans mes interventions des solutions simples, des changements d’habitudes progressives. Il ne s’agit pas de tout changer d’un coup. « Un polluant en moins, une chance en plus », c’est la démarche. Et j’amène les participants à analyser les obstacles au changement. »
Enthousiaste, elle a en tête de nouveaux projets : « Je suis en cours de création d’une nouvelle conférence sur l’endométriose en lien avec les perturbateurs endocriniens ou encore sur la Berce du Caucase, une plante phototoxique, responsable de brûlures, qui s’est implantée dans le Béarn. Ma dernière conférence, « Comment se protéger de l’invisible » en partenariat avec le CPIE Béarn, parlait de qualité de l’air intérieur avec un focus sur le radon.
J’ai également écrit un livre pour enfants ( 6-11 ans ) « Des monstres dans ta maison », sur la qualité de l’air intérieur, où je détaille les polluants de chaque pièce de la maison. J’aimerais intervenir dans les classes avec mon livre pour travailler sur ces thématiques.
Continuer à « prendre soin » autrement, donc, mais toujours dans la vaste tradition hippocratique qui envisageait déjà la relation entre l’environnement et la santé humaine.
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