Depuis 2015, les gardiens de l’habitat social Clairsienne sont formés par Ragnar Weissmann, docteur en santé environnementale, au nettoyage sain sur les communs de l’ensemble du parc de logements (15 000 logements en Nouvelle Aquitaine). Exit les produits d’entretien contenant formaldéhydes, solvants, phtalates, les gardiens sont passés à la microfibre et aux écolabels. Explication avec Emmanuelle Bardoux responsable qualité RSE chez Clairsienne.
Comment initier et pérenniser une telle démarche ?
Nous avons engagé cette démarche en 2015, l’objectif étant de prendre soin du personnel de terrain, d’éviter que nos agents d’entretien soient en contact avec des produits toxiques. Clairsienne, c’est 55 agents pour 240 salariés, les enjeux étaient importants. Les premières étapes ont consisté à poser un diagnostic sur les produits utilisés. Les locaux techniques débordaient de produits désinfectants, antibactériens… la plupart inutiles et trop toxiques pour nos besoins.
Un appel d’offres a été initié avec des critères environnementaux très stricts. Nous sommes passés de 40 produits à 10 ! Mais le stock dormant a été difficile à éliminer, il réapparaissait régulièrement. Changer les produits suppose aussi de modifier la notion de propreté et de modifier la manière de faire. D’où la formation au « nettoyage sain ». Désinfecter, nettoyer, entretenir : il fallait redéfinir les notions.
Ensuite, nous avons mis en place un protocole pour les nouveaux collaborateurs : ceux ci sont formés dès qu’ils intègrent l’équipe. Pour les anciens, Ragnar Weissmann revient une fois tous les deux ans pour faire le point, lever les freins, rappeler les gestes, les postures, les points de vigilance. Pour les sociétés externes, nous imposons un cahier des charges avec le label Ecocert.
Quels sont justement les points récurrents ?
Le marketing olfactif a réussi à modifier l’inconscient collectif. Aujourd’hui, l’odeur de propre typique est devenue l’odeur chimique des produits ménagers, le citron, le pin… Nos gardiens sont souvent interpellés comme s’ils avaient mal ou pas nettoyé. Ils sont désormais aujourd’hui en capacité d’argumenter pour expliquer la démarche et soutenir leur rôle d’ambassadeur auprès des locataires.
Si la formation avec Ragnar permet d’entretenir cette forte adhésion des équipes, elle permet également d’apporter à chaque fois des améliorations pour faciliter le travail. C’est un échange. Il y a des sols compliqués avec des grumeaux ? Le chariot est trop grand ? Ragnar conseille les managers à apporter des solutions concrètes. Nous sommes passés à la microfibre, ce qui a soulevé la question du lavage des microfibres. Nous avons mis à disposition des machines à laver dans certaines résidences. C’est une démarche de progrès permanente. Avec toujours le rappel des gestes de protection. Gants, lunettes… ce sont des produits sains mais très concentrés.
Quelles sont les prochaines étapes ?
Nous avons emboité le pas en appliquant ces pratiques vertueuses dans nos propres locaux au sein du siège administratif. Nous avons réfléchi à d’autres extensions d’application comme l’adaptation d’un cahier des charges sur les matériaux de construction, des protocoles de nettoyage sain de fin de chantier pour la livraison des logements neufs, le développement d’ateliers de sensibilisation auprès des habitants de ses résidences… Tout cela prend du temps, nous expérimentons et nous essayons de construire des plans d’actions.
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