Préserver la qualité de l’eau de la nappe alluviale est l’objectif du Plan d’action territorial (PAT) du Gave de Pau (2008-2018), porté par 6 collectivités locales dont 5 syndicats à compétence « eau ». En cause : les nitrates et produits phytosanitaires utilisés à la fois par les agriculteurs, les particuliers et les collectivités. Et en ligne de mire : les engrais chimiques et herbicides. Rencontre avec Bérangère Aviron-Violet, l’animatrice de ce PAT, sur la manière de conduire le changement de pratiques.
En quelques mots, quel est le contexte du Plan d’Action Territorial du Gave de Pau ?
L’objectif général du plan est d’une part de préserver la qualité de l’eau au niveau des champs captants permettant l’alimentation en eau potable et d’autre part d’initier l’amélioration de la qualité de la nappe alluviale. Des analyses réalisées sur cette nappe ont mis en évidence une pollution diffuse par les produits phytosanitaires qui ont plusieurs origines possibles : l’activité agricole, les pratiques des particuliers dans leur jardin et l’entretien des espaces verts et voiries par les collectivités. Dans le cadre du Plan d’Action Territorial du Gave de Pau que nous portons, nous initions des démarches de sensibilisation et d’accompagnement vers le changement de pratiques, auprès de l’ensemble des utilisateurs de ces produits. L’argument santé est, bien sûr, une thématique transversale à cet accompagnement.
Quelles sont vos actions auprès des agriculteurs ?
Sur notre territoire, la monoculture du maïs domine, avec, aux commandes des exploitations, nombre de retraités et de double actifs, ce qui est loin d’être un contexte favorable pour faire évoluer les pratiques ! Nous proposons des accompagnements collectifs avec des essais et des journées techniques sur la fertilisation et les stratégies phytosanitaires. L’action phare du nouveau PAT permet un accompagnement individuel de chaque agriculteur des territoires d’actions prioritaires par le technicien de leur choix ; 60 exploitants ont été accompagnés en 2015. Nous lançons également une étude pédologique pour connaître les sols et promouvoir une gestion durable de ceux-ci, avec la réalisation d’un guide présentant le fonctionnement des différents sols et des préconisations de pratiques.
Et du côté des collectivités ?
Le PAT accompagne la mise en œuvre de la gestion différenciée des espaces et de plans de désherbage communal, et accompagne aussi l’élaboration d’une stratégie de communication, avec la mise à disposition d’outils : prêt d’exposition sur le «zéro phyto», panneaux, plaquettes sur les bonnes pratiques. Les collectivités du PAT se sont fortement mobilisées. A ce jour, 270 agents ont été formés, 125 élus ou responsables de collectivités ont été sensibilisés, et 28 plans de désherbage ont été mis en place. Le Conseil départemental des Pyrénées-Atlantiques s’est lui aussi fortement mobilisé en 2014 avec le passage au « zéro phyto » pour l’entretien des routes, après avoir réduit de 74%, en 4 ans, la quantité de produits phytosanitaires épandus.
Et pour le grand public ?
Dans le premier PAT (2008-2012), nous avions axé la sensibilisation sur les scolaires, avec un cycle d’animations sur le thème des phytosanitaires. Pour le 2ème PAT ((2014-2018), nous avons recentré notre action sur la participation à des événements, avec des stands animés par l’association Ecocène, en proposant l’expo Zéro phyto dans mon jardin, ou le spectacle Lombric fourchu, ou encore des ateliers de jardinage sur les 4 champs captants, qui fonctionnent très bien. La prévention des risques pour la santé à travers les questions environnementales est un axe indissociable de toutes nos actions.
Pour voir les 6 collectivités porteuses du plan : www.pat-gavedepau.fr
