Comment prévoir les réponses des écosystèmes naturels face aux changements environnementaux générés par l’activité humaine ? Comment concilier la préservation des ressources naturelles, le développement économique des territoires et réduire les inégalités sociales ? Pour répondre à ces enjeux de politiques publiques, et à bien d’autres, le centre de recherche de Bordeaux d’IRSTEA mène une approche scientifique à la fois biotechnologique et socio-économique. Portrait de cette structure pluridisciplinaire avec son nouveau directeur, Frédéric Saudubray.
En 2012, le CEMAGREF, organisme public, est devenu l’Institut national de Recherche en Sciences et Technologies pour l’Environnement et l’Agriculture. Ses travaux portent sur l’aménagement durable des territoires et l’agriculture responsable, la gestion de l’eau et les risques associés ou encore l’étude des écosystèmes et de la biodiversité dans leurs interrelations avec les activités humaines. Autant d’enjeux majeurs, à petite et grande échelle, pour les collectivités publiques et les acteurs économiques.
Installé à Cestas-Gazinet en Gironde, le centre de recherche IRSTEA Bordeaux est l’une des neuf implantations régionales. Sur ce site ainsi que sur la station d’expérimentation de Saint-Seurin-sur-l’Isle dédiée à l’étude des poissons migrateurs amphihalins, deux unités de recherche rassemblent quelque 110 agents permanents (dont la moitié de chercheurs et d’ingénieurs) et de nombreux doctorants et post-doctorants : l’unité Ecosystèmes aquatiques et changements globaux et l’unité Environnement, territoires et infrastructures. « La particularité d’IRSTEA est sa structuration thématique et pluridisciplinaire avec dans nos cinq équipes bordelaises la présence d’hydrobiologistes, d’écologues mais aussi de géographes, d’économistes, de statisticiens, de sociologues, etc. explique Frédéric Saudubray. Ce qui nous permet d’aborder les questions environnementales sous tous les angles».
Sur le terrain : exploitations agricoles, forêts et littoral
Près de 60 projets sont en cours, portant principalement sur la gestion de l’eau et du fonctionnement des milieux aquatiques, sur l’interface entre eau et gestion des territoires et sur le développement territorial. Et ce, à l’échelle locale, nationale et internationale, grâce à de nombreux partenariats. Le centre bordelais participe ainsi aux travaux du LabEx COTE, qui regroupe 10 laboratoires aquitains, pour identifier les mécanismes d’évolution des écosystèmes (agrosystèmes, forêts et écosystèmes côtiers) et prédire leurs réponses aux changements environnementaux. Membre du RRLA (Réseau de Recherche sur le Littoral Aquitain), il contribue à des projets financés par la Région Aquitaine tels qu’OSQUAR 2 (ostréiculture et qualité du milieu-Approche dynamique du Bassin d’Arcachon). Expert de la forêt, le centre coordonne des projets tel que CONSORE (Construction sociale et régulation des projets forestiers : loisirs, cadre de vie et bois énergie en forêt landaise), en tant qu’adhérent du pôle de compétitivité aquitain Xylofutur.
Les micropolluants des eaux urbaines à la loupe
Comment l’activité humaine influence-t-elle les milieux naturels ? Cette question est au cœur des recherches d’IRSTEA Bordeaux au sein de plusieurs grands projets comme GaGILAU, un programme franco-québécois et interrégional Midi-Pyrénées/Aquitaine sur l’adaptation aux changements globaux dans les environnements fluvio-estuariens de la Garonne et du Saint-Laurent. Egalement, le programme ETIAGE (Etude intégrée des effets amont et locaux sur le fonctionnement de la Garonne estuarienne) a révélé la forte présence de métaux lourds, comme le cadmium, mais aussi de polluants métalliques émergents comme l’argent ou encore des micropolluants d’origine médicamenteuse.
Le centre sera également impliqué dans deux nouveaux projets, retenus dans le cadre de l’appel à projets national 2014-2018 « Innovation et changement des pratiques : micropolluants des eaux urbaines » : REMPAR SIBA (Syndicat intercommunal du bassin d’Arcachon), pour la lutte contre les micropolluants issus des eaux pluviales et des hôpitaux sur le Bassin d’Arcachon et R.E.G.A.R.D. (Programme de REduction et Gestion des micropolluAnts sur le territoiRe borDelais), pour la gestion intégrée des micropolluants dans les réseaux collectifs d’assainissement de la CUB : « Les pollutions en milieu urbain sont un axe de recherche récent pour IRSTEA qui a historiquement une grande expertise sur les pollutions d’origine agricole, précise Frédéric Saudubray. Les risques environnementaux liés à l’activité du secteur de la santé, dans le but de fournir une aide à la décision publique pour faire évoluer les pratiques, est une de nos nouvelles orientations de recherche. »
La question des inégalités environnementales, tant en matière d’exposition aux risques phytosanitaires ou d’accès aux zones protégées que d’impact des politiques publiques est aussi une autre thématique émergente, étudiée actuellement au sein du programme EFFIJIE (Effort environnemental comme inégalité : justice et iniquité au nom de l’environnement – Pour une analyse comparative des politiques de la biodiversité et de l’eau en France métropolitaine et outre-mer), lancé en 2013 et financé par l’Agence nationale de la recherche.
www.irstea.fr/linstitut/nos-centres/bordeaux
Programme GaGILAU : www.univ-tlse3.fr/
Programme ETIAGE : http://etiage.epoc.u-bordeaux1.fr/
Programme EFFIJIE : www.agence-nationale-recherche.fr
Appel à projets national « Innovation et changements de pratiques : micropolluants des eaux urbaines » : www.onema.fr