Les rencards du savoir, rendez-vous proposés par le service culture de l’Université de Bordeaux, réunissent experts et grand public autour de thèmes en lien avec l’actualité. Mêlant enjeux de société et culture scientifique, la rencontre a fait salle comble à la Maison écocitoyenne le 3 février en compagnie du skipper Fabrice Amadeo qui a équipé son bateau de capteurs de micropolluants. La conférence est disponible en replay.
« Pourquoi retrouve-t-on des microplastiques en haut du Pic du Midi ? Une chose est certaine, une partie d’entre eux vient de l’océan. Partons ensemble en mer avec le skipper Fabrice Amédeo » lance Yoann Frontout, le journaliste qui anime la soirée. « Attention marin, plastiques à bâbord ». En effet le skipper du Vendée Globe navigue avec 50 kilos de capteurs permettant de collecter des échantillons microplastiques.
Pour l’analyse des échantillons, il s’est associé à des laboratoires du campus bordelais : le laboratoire Environnements et Paléoenvironnements Océaniques et Continentaux (EPOC – CNRS, EPHE et université de Bordeaux) et l’institut de Chimie et de Biologie des Membranes et des Nano-objets (CBMN – CNRS, Bordeaux INP et Université de Bordeaux) qui se partagent ainsi les travaux d’identification, de quantification des microplastiques recueillis, ainsi que la toxicité et l’imprégnation métallique de ces microplastiques.
Lors de cette conférence, Fabrice Amédeo a pu exprimer son point de vue de navigateur sur ses motivations, ses constats et son engagement pour traquer cette pollution invisible de microplastiques, bien plus nombreuse que l’on imaginait et qui provient de nos activités humaines. Les scientifiques présents, Jérôme Cachot, professeur en écotoxicologie aquatique au laboratoire EPOC, Sophie Lecomte, directrice de recherche CNRS à l’institut CMBN et Edgar Dusacre, doctorant en écotoxicologie au laboratoire EPOC et cofondateur de l’association 4P Shore & Seas ont pu détailler les étapes du projet, les premiers résultats et répondre à de nombreuses questions.
« Le problème n’est pas le polymère, c’est-à-dire le plastique en tant que tel, mais les additifs que l’on ajoute pour que le plastique soit plus souple, plus dur, plus coloré…Cette fuite des additifs s’opère lors de la dégradation de ces microplastiques, vers le milieu dans lequel il se trouve, mais aussi vers l’organisme quand il est ingéré, que ce soit par du plancton ou des baleines. On ne connaît pas leur toxicité quand ils se retrouvent mélangés. N’oublions pas que les plastiques sont aussi de bons supports pour des polluants qui se trouveraient dans l’eau : métaux lourds, pesticides, hydrocarbures, etc. Certains sont des perturbateurs endocriniens, d’autre sont agents cancérogène » explique Jérome Cachot répondant à une question du public sur les impacts de ces micropolluants. Certains participants interrogeront les chercheurs sur des enzymes qui pourraient « manger » le plastique, d’autres sur les protocoles des capteurs…
Sophie Lecomte lancera l’alerte sur la présence de fibres : « nos machines à laver ne filtrent que les fibres les plus grosses, et les stations d’épuration ne retiennent pas les fibres en dessous de 100 microns. » Edgar Dusacre, quant à lui, alertera sur l’état global de nos océans « On est à l’âge de l’anthropocène. Les plastiques que l’on rejette depuis les années 50 sont toujours là. La durée de vie d’un simple sac plastique se situe entre 10 à 1000 ans. Les espèces se sont adaptées à la présence de ces micropolluants. Il y aurait 51 trillions de microplastiques dans les océans selon les modélisations… ».
La conférence se terminera par une revue des bonnes pratiques que nous pouvons mettre en place : par exemple limiter le jetable, opter pour des plastiques dont on connaît la composition…
Disponible en replay :