Même dans les territoires engagés dans un urbanisme favorable à la santé, le bruit est souvent le grand oublié. Invité indésirable, il s’incruste dans les appartements, plus complexe à éliminer qu’on ne le pense habituellement. Les « bruits du quotidien » constituent une préoccupation majeure pour les habitants des logements sociaux. Une enquête vient de paraître sur ces nuisances : les résultats sont alarmants.
Le Groupe Reflex est une association de cabinets indépendants spécialisés dans le conseil en politiques publiques et l’élaboration de projets territoriaux. Elle vient de publier une étude sur la perception du bruit dans les logements sociaux. Les objectifs sont multiples : prendre la mesure de l’ampleur du problème, en évaluer les conséquences mais aussi réaliser un plaidoyer sur cette question.
Cette enquête exclusive a été conduite auprès de 500 personnes dans dix Quartiers Prioritaires de la politique de la Ville (QPV) de cinq villes françaises : Rennes, Bordeaux, Paris, Saint-Denis, et Lyon. Elle révèle que les « bruits du quotidien » constituent une préoccupation majeure pour les habitants des logements sociaux. Plus de 40 % des personnes interrogées se déclarent gênées par le bruit. Élément notable, les nuisances sonores sont d’abord associées aux bruits intérieurs : 50 % identifient leurs voisins comme la principale source de bruit – des bruits considérés à 82 % comme gênants, voire très gênants. Les locataires interrogés identifient bien les effets de ces bruits sur leur vie quotidienne, et notamment sur leur santé : 54 % des personnes considèrent que le bruit a un impact mauvais, voire très mauvais sur leur sommeil, 46 % parlent de stress ou 49 % d’irritabilité.
L’étude note que « peu de locataires activent des solutions pour lutter contre les bruits dans leur logement. Près de la moitié (49%) des locataires gênés par le bruit dans leurs logements n’ont mis aucune solution en place pour lutter contre les nuisances sonores. »
L’objectif de cette enquête est d’alerter sur l’impact des nuisances sonore. Pour le groupe Réflex, engagé pour la santé des habitants des logements sociaux, la question de l’isolation phonique reste très peu traitée, tant dans la construction du neuf que dans le bâti réhabilité. Elle coûte très chère, et n’est pas priorisée en regard de l’enjeu de transition énergétique. « Si nous devions faire passer un message, c’est donc celui-ci : non, le bruit n’est pas une question de confort, c’est une question de santé publique. Celle-ci est telle que des ambitions fortes devraient être affirmées dans les grands programmes nationaux (Agence Nationale de Rénovation Urbaine par exemple) et des financements publics mobilisés à la hauteur des enjeux. »
L’intégralité de l’enquête est téléchargeable ici