Nom de code : Happydoc. Programme : 3 jours d’ateliers, de conférences, d’expériences pour les 220 étudiants de 2ème année de la Faculté de Médecine de Poitiers. Objectif : adopter les bons réflexes en matière de sport, nutrition, mais aussi santé environnementale et gestion du stress. Rencontre avec le Pr Virginie Migeot, qui dirige le service santé publique du CHU de Poitiers et le Pr Laurent Bosquet, coordinateur de la chaire Sport Santé Bien-être à l’université de Poitiers.
Comment est né ce projet ?
Laurent Bosquet : En 2013, suite à une étude de l’observatoire de la vie étudiante faisant part d’un mal être, nous avons souhaité nous doter d’un outil pour épauler les jeunes étudiants qui rencontrent des difficultés et plus largement contribuer à leur bien-être et à leurs performances. Le projet porté par la Chaire Sport Santé Bien-être de l’Université de Poitiers s’est appelé UELNESS (Unité d’enseignement libre nutrition culture sport santé) et nous l’avons expérimenté sur trois ans. Comptant comme une matière dans le cursus des étudiants, cette unité se déroule sur quatre semaines et mélange sport, culture, nutrition en offrant la possibilité de véritables expériences et non pas sous la forme unique d’un cours magistral. Nous avons attiré des étudiants de toutes les universités et l’évaluation a été très positive. En parallèle, une enquête nationale a révélé que de nombreux internes en médecine souffraient d’anxiété, de stress, avec un score trois fois plus élevé plus que la moyenne française. La Chaire Sport Santé, la faculté de médecine et le CHU de Poitiers ont travaillé ensemble pour proposer un séminaire de trois jours intitulé « Happy Doc » destiné aux étudiants de 2ème année de médecine. Il contient globalement les mêmes thèmes que l’unité d’enseignement mais nous y avons ajouté la santé environnementale et la gestion du stress.
Quels étaient les objectifs ?
Laurent Bosquet : Ce que nous recherchons, c’est recréer de la cohésion et un changement de comportement dans les habitudes des étudiants. C’est une initiative qui alterne conférence, débat, ateliers, repas. 220 étudiants en médecine ont participé à Happy Doc pour cette 1ère édition. L’idée est aussi de changer la vision de certains futurs médecins qui se voient uniquement comme prescripteurs. Il est plus facile et légitime de faire passer des messages de prévention quand on les a soi-même expérimentés. Nous allons lancer une évaluation sur cet événement.
Quel axe avez-vous choisi pour la thématique santé-environnement ?
Virginie Migeot : La santé environnementale est abordée lors d’une conférence globale sur les enjeux, notamment à travers les perturbateurs endocriniens et un atelier de fabrication de produits d’entretien et d’hygiène afin d’éviter l’exposition aux perturbateurs endocriniens. En face, nous avons de futurs médecins mais également de futurs parents. A travers les études de recherche, on se rend compte que l’on agit parfois trop tardivement sur cette question et il s’agit d’apporter cette information le plus tôt possible. D’autre part la vie étudiante est une période de transition, et ces trois jours ont vocation à agir durablement sur les comportements et réflexes des étudiants.
Quelles sont les perspectives ?
Ces trois jours ont reçu le soutien financier de l’Agence Régionale de Santé Nouvelle-Aquitaine et de la Région Nouvelle-Aquitaine. L’idée est de le déployer sur les universités de Bordeaux et Limoges, avec qui nous sommes en contact.