« Les écologistes ont contribué à faire comprendre, avec l’appui de scientifiques, le lien entre l’environnement et la santé, la question de l’air, des pesticides, des particules fines… sans compter le lien entre inégalités sociales et santé. Les premières victimes d’injustices sociales sont aussi les premières victimes d’injustices environnementales (saturnisme, maladies respiratoires…) » souligne Noël Mamère, Maire de la ville de Bègles, pour qui la question est essentielle. Alors comment, à l’échelle d’une ville, intégrer cette notion ?
Cohérence, équilibre, respiration, lenteur, c’est par ces mots que Noël Mamère définit sa ville. Une ville qu’il veut en transition, à l’image de cette bourgade du sud-ouest de l’Angleterre, Totness. Un idéal ou du moins un exemple à suivre, pour Noël Mamère, maire de la Ville de Bègles depuis 1989. En 25 ans, la ville s’est transformée. Le tout dans un savant équilibre où la notion de santé–environnement a été prise en compte pour chacune des décisions.
« On se doit de contribuer au développement d’une ville qui tient compte de ces deux paramètres. Il y a 15 ans, nous avons par exemple fait le choix de conserver notre cuisine centrale en régie, l’alimentation étant un facteur de discrimination ; et nous avons été élus cette année première cuisine d’Aquitaine avec 60 % de bio ». Progressivement, la ville a intégré la gestion différenciée, permis la création de 40 hectares de jardins collectifs (outils d’intégration efficaces, attribuées à des familles choisies en fonction de leur revenus), développé des espaces de respiration avec des parcs, comme celui de Mussonville, ou Bègles-plage et a redéfini des quartiers non perturbés par la voiture.
Bien sûr, le chantier est loin d’être fini. Mais « c’est avant tout une culture qu’il faut imprimer dans la ville. C’est un travail pédagogique. Si la santé dépend de l’environnement, il faut aussi que les citoyens en aient conscience. Il s’agit de transformer chaque citoyen comme acteur de sa cité. A ce titre, les enfants sont très prescripteurs et peuvent aider à faire changer les habitudes. Nous avons favorisé les bus pédestres, par exemple. Mais encore le retour du maraîchage, où l’on essaie d’encourager des coopératives de fruits et légumes pour rapprocher la production de la consommation. Comme le colibri(1), on fait notre part », ajoute Noël Mamère. Sans pour autant tout révolutionner de manière brutale, juste changer peu à peu nos modes de fonctionnement, apprendre à vivre en harmonie et malgré tout dans « l’urgence de ralentir ».
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(1) Référence au conte amérindien raconté par Pierre Rabhi : Un jour, dit la légende, il y eut un immense incendie de forêt. Tous les animaux terrifiés, atterrés, observaient impuissants le désastre. Seul le petit colibri s’activait, allant chercher quelques gouttes avec son bec pour les jeter sur le feu. Après un moment, le tatou, agacé par cette agitation dérisoire, lui dit : « Colibri ! Tu n’es pas fou ? Ce n’est pas avec ces gouttes d’eau que tu vas éteindre le feu ! » Et le colibri lui répondit :« Je le sais, mais je fais ma part. »