« Mens sana in corpore sano » : longtemps, des générations entières ont entendu cette maxime populaire. Mais l’enjeu du 21ème siècle sera plutôt d’assurer « un corps sain dans un environnement sain » et Philippe Perrin fait office de pionnier en la matière. Il est le premier éco-infirmier de France et entend bien essaimer son savoir et ses convictions, « prévenir valant mieux que guérir ».
Quelque chose d’important se passe et modifie nos vies. L’air enfumé, l’eau contaminée, les sols incertains nous rendent malades. Les interactions entre l’industrialisation, un environnement pollué et les menaces sanitaires sont évidentes : notre environnement physique est un déterminant fondamental de notre santé. Et tout cela, Philippe Perrin l’a compris intuitivement. Très tôt. Dès le début de ses études à l’école d’infirmiers en 1989 en Bourgogne, il décide de créer en parallèle, une association de protection de l’environnement, à une époque où on parlait encore peu d’environnement. Puis il termine sa formation d’infirmier par un travail de fin d’étude qu’il intitule « Eco-infirmier, une autre voie ? ».
Il s’engage alors dans une interdisciplinarité plus profonde que celle des professions de santé et d’environnement et développe une vision systémique du monde, puisque les effets des activités humaines sur l’environnement peuvent en retour impacter la santé elle-même. Il suit une formation de conseiller en environnement, puis passe un diplôme de santé publique, multiplie les contrats de vacation en tant que formateur « santé-environnement » au sein des IFSI. « Cette thématique de la santé environnementale n’était pas reconnue à l’époque », explique-t-il.
Depuis, le sujet est devenu un enjeu de société, un défi pour les politiques publiques. Les Plans Nationaux Santé-Environnement sont adoptés, et avec eux la mise en place de délégations « santé-environnement » dans un certain nombre de collectivités territoriales. Philippe Perrin fait partie aujourd’hui de ces figures incontournables, avec plus de 70 conférences par an, des ateliers, des formations… La demande est exponentielle. Parmi les thématiques qu’il aborde : l’air et la santé, les perturbateurs endocriniens dans les cosmétiques, les champs électromagnétiques, l’économie de la santé ou encore l’épidémiologie, les risques émergents avec la radioactivité… L’objectif : permettre à ses patients de rester en bonne santé, faire les liens entre santé et environnement, informer sur la capacité à faire des choix, réinvestir cette notion de promotion de la santé. « La santé environnementale, c’est un puzzle, on fait des liens, on assemble et on commence à avoir une vue d’ensemble… ».
Le discours de Philippe Perrin n’est pas anxiogène ; il s’agit bien de former, d’accompagner, pour que chacun puisse augmenter sa capacité à agir sur les déterminants de sa santé et ainsi améliorer son état de santé. En 2012, il crée une formation indépendante, dispensée dans un Institut de formation en santé environnementale (IFSEN) et dont la reconnaissance prendra du temps. La formation, essentiellement accessible aux professionnels de santé, se déroule sur neuf mois. « Comme un enfant qu’on met au monde » précise-t-il. On prépare sa venue et quand il arrive, il faut être présent, suffisamment, mais sans excès. Accompagner, c’est tout, avec douceur. Rester à sa place. La suite nous échappe et c’est ainsi.