A Bordeaux se trouve la plus importante des AROEVEN (Association régionale des œuvres éducatives et de vacances de l’Éducation nationale). Elle organise des formations BAFA et BAFD, des colonies de vacances et des actions en milieu scolaire en Aquitaine., notamment sur les nuisances sonores et la mobilité douce. Portrait avec sa directrice, Pascale de Charentenay.
Association d’éducation populaire et complémentaire de l’école, l’AROEVEN s’inscrit dans un mouvement d’actions et de recherches pédagogiques qui milite pour une éducation permanente et globale. Avec ses 19 salariés et un chiffre d’affaire de 2,5 millions d’euros, l’association agit sur quatre grands axes : les séjours vacances, les classes de découverte, la vie citoyenne et les formations BAFA et BAFD. L’éventail de leurs actions est large :
– former et accompagner des lycéens et des collégiens dans leur rôle de délégués de classe, la médiation par les pairs (gestion des conflits et apaisement des tensions et du stress en milieu scolaire)
– animer des stages d’équipes pluridisciplinaires, former au BAFA (une forte demande sur ce secteur, en lien avec la réforme des temps scolaires)
– organiser des classes de découvertes : 5000 journées en classe patrimoine dans le Périgord et 15 000 sur le Bassin d’Arcachon en 2013
– travailler dans les écoles primaires sur les nuisances sonores avec le dispositif Poli’son, et sur les mobilités douces dans le cadre des Cars à Pattes
– proposer les fameuses colos (12 000 journées par an de propositions à la carte), celles dont on dit qu’elles sont aujourd’hui en danger.
Mais en filigrane, au-delà des actions, le projet associatif se penche sur les enjeux d’un monde en mutation et souhaite apporter sa contribution pour relever les défis auquel la société aura à répondre. « Les enjeux sont de trois ordres : repenser la citoyenneté, en s’engageant notamment dans les processus d’éducation à l’environnement et de développement durable, réactiver les valeurs de compréhension mutuelle et développer l’éducation globale » précise Pascale de Charentenay.
Les colos pour « prendre le temps »
Les colonies de vacances connaissent une baisse continue de fréquentation. Trop chères notamment pour les classes moyennes, privées d’aides financières, les colonies de vacances sont désertées. Et pourtant, les objectifs liés aux valeurs de l’éducation populaire sont toujours d’actualité. En plus de permettre à certains enfants de vivre la rupture nécessaire des vacances, l’expérience de la colo contribue dès l’enfance au sentiment d’appartenance à une société.
« Contribuer à forger le lien social, transmettre les valeurs de citoyenneté, créer les conditions du brassage des jeunes. Ce qu’on propose, ce n’est pas juste une activité, sur une thématique sportive ou scientifique. L’activité n’est que le support pour apprendre à vivre ensemble, à vivre autrement aussi. Dans nos projets pédagogiques, l’hygiène, l’alimentation, prendre soin de soi et de l’environnement sont des axes forts. Nous sommes centrés sur l’enfant, son rythme, sa santé. Nous travaillons sur l’équilibre général de l’enfant, donc sur une approche liée à la santé, que ce soit par le biais de l’alimentation avec la découverte des circuits locaux, ou de l’environnement… On évite la surenchère d’éducation. Nos enfants sont sous pression permanente. On leur fait vivre un rythme infernal, dont le bruit est l’une des conséquences. Sous pression économique aussi, avec une société qui tend plutôt à faire consommer qu’apprendre à choisir. Finalement, dans nos colos, on propose de « prendre le temps ». Et prendre le temps, est-ce que ce n’est pas une question de santé environnementale ? » interroge Pascale de Charentenay.