La France est le quatrième consommateur mondial de médicaments, susceptibles de se retrouver dans le milieu naturel. Dans sa démarche volontaire de développement durable, le CHU de Bordeaux a souhaité mieux connaître la quantité et la nature des molécules rejetées dans ses eaux usées et planifie des actions de réduction à la source de ces micropolluants.
Résidus de médicaments, produits de stérilisation, produits d’entretien : voici les grandes familles d’effluents hospitaliers. Certaines substances chimiques sont éliminées par les usines de traitement des eaux usées mais d’autres leur échappent et sont rejetées dans le milieu aquatique. La question de l’impact de ces substances sur l’environnement et sur la santé est encore mal connue. Cependant, le CHU de Bordeaux, qui compte 2815 lits et prend en charge 3490 patients par jour, s’est engagé dans trois programmes de recherche : le Plan Micropolluant de Bordeaux Métropole, le projet R.E.S.E.A.U. et le projet R.E.G.A.R.D. Concernant R.E.S.E.A.U. et R.E.G.A.R.D., ces programmes de recherche s’articulent autour de 2 volets scientifiques : l’un consiste à identifier les molécules présentes dans les rejets hospitaliers, l’autre volet, sociologique, s’intéresse au degré de connaissances des praticiens et des leviers possibles de réduction à la source.
Résultats : « L’étude a montré la quantité de micropolluants, en particulier les résidus médicamenteux, rejetés dans les eaux usées du site du groupe hospitalier Pellegrin à partir de prélèvements réalisés en 2016 : 784 g de résidus médicamenteux rejetés par jour. Plus de 80% sont des molécules de paracétamol. Le reste correspond à une variété de molécules parmi lesquelles l’antiépileptique gabapentine (24 g/jour) ou l’anticancéreux cyclophosphamide (80 mg/jour) », expose Pierre-Yves Koehrer, ingénieur développement durable au CHU de Bordeaux. Quant à l’enquête sociologique, elle montre une connaissance très hétérogène de la problématique des médicaments et biocides dans les eaux usées. Le CHU a déjà planifié des actions « comme la juste prescription, la sensibilisation des agents à la bonne utilisation des produits chimiques ou de restes de solutions médicamenteuses à ne pas rejeter dans l’évier. L’étude démontre également qu’à l’échelle de la métropole bordelaise, le groupe hospitalier Pellegrin ne représente que 7% des apports de résidus médicamenteux qui arrivent à la station d’épuration Louis Fargues. Avec l’important développement des soins ambulatoires et la délocalisation de l’activité hospitalière au domicile des patients, ainsi que les traitements au quotidien, la problématique des résidus de médicaments se pose aussi et surtout hors de l’hôpital. Autant qu’un problème d’organisation hospitalière, le risque émergent, sanitaire et environnemental de la diffusion des résidus de médicaments dans l’environnement devient l’affaire de tous ! » précise Pierre-Yves Koehrer. Une synthèse en vidéo de ces projets est en ligne sur le site du CHU.
Vidéo : www.chu-bordeaux.fr
Projet R.E.G.A.R.D. : www.bordeaux-metropole.fr/Vivre-habiter/Connaitre-son-environnement/REGARD-Pollution-des-milieux-aquatiques